Les camps de Tindouf sombrent dans le chaos sous le silence complice de l’Algérie et du Polisario
Bouchaib El Bazi
Les camps de Tindouf, contrôlés par les milices du Front Polisario sur le territoire algérien, connaissent un grave état d’insécurité, dans un contexte de silence inquiétant de l’armée algérienne et de l’abandon manifeste des responsabilités par le Polisario, selon les informations rapportées par le Forum de Soutien aux Partisans de l’Autonomie au Sahara marocain (FORSATIN).
Des vidéos publiées par le forum montrent de violents affrontements armés dans le camp dit “Laâyoune”, opposant des bandes de trafiquants de drogue, semant la terreur parmi les habitants. Terrifiés, ces derniers se sont réfugiés dans leurs tentes durant de longues heures, tandis que les échanges de tirs se poursuivaient en plein jour, sans aucune intervention de la police ou de la gendarmerie du Polisario, et sous le regard passif de l’armée algérienne postée à quelques mètres du camp.
Selon FORSATIN, les notables et anciens des camps ont dénoncé l’inaction du Polisario, l’accusant de complicité avec les autorités algériennes pour semer le chaos et terroriser la population afin de mieux la soumettre, tandis que l’armée algérienne exerce sa brutalité uniquement contre les voyageurs et les civils tentant de quitter les camps.
Des habitants proches de la zone des affrontements ont lancé des appels de détresse, incitant familles et proches à venir les secourir. Cependant, la crainte d’un embrasement généralisé a empêché toute tentative de sauvetage.
Dans ce contexte, Mohamed Tayar, président de l’Observatoire national des études stratégiques, a dénoncé les graves violations des droits de l’homme commises par les milices du Polisario : assassinats, enlèvements, attaques de véhicules transportant des civils, déplacements forcés, et mariages forcés de femmes déjà mariées. Ces actes constituent, selon lui, des crimes contre l’humanité au regard de l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Tayar a souligné que la dégradation sécuritaire a profondément érodé la confiance des habitants envers les institutions du Polisario, en raison de rumeurs persistantes sur l’implication de ses forces de sécurité dans la protection des criminels et dans la disparition d’armes de leurs arsenaux.
Parallèlement, le camp de Laâyoune a été récemment le théâtre de manifestations contre le blocus imposé par l’armée algérienne. Des centaines de Sahraouis ont attendu des heures sous un soleil de plomb pour obtenir des autorisations de sortie, avant de protester devant un poste de contrôle de l’armée, qui a répondu par des tirs de sommation pour disperser les foules.
Sur un autre plan, le Polisario traverse une crise financière majeure. Incapable de verser les salaires des enseignants, le soi-disant “ministre de l’Éducation” Khattri Adduh a dû présenter des excuses publiques avant d’être limogé par le chef du Polisario, Brahim Ghali.
Cette montée de la tension dans les camps intervient alors que le Polisario accumule les revers diplomatiques, notamment en Amérique du Sud, où le Pérou, le Panama et l’Équateur ont suspendu leur reconnaissance de la “république sahraouie”. La cause sahraouie a également perdu en influence en Afrique et en Europe, et a été complètement absente du communiqué final du dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.
Par ailleurs, le mouvement “Sahraouis pour la Paix”, dissident du Polisario, a lancé un appel urgent aux Nations Unies pour intervenir face à l’escalade des violences et des assassinats attribués aux forces algériennes dans les camps. Le mouvement dénonce la multiplication d’incidents où des Sahraouis sont la cible de tirs, d’intimidations et de répression brutale.
Dernièrement, deux jeunes de la tribu Ouled Dlim, qui recherchaient un proche disparu, ont été la cible de tirs par des soldats algériens, ce qui a sérieusement endommagé leur véhicule.
“Sahraouis pour la Paix” alerte que ces violences ne sont plus des cas isolés mais relèvent d’un schéma systématique d’oppression. Ils appellent instamment la communauté internationale, les organisations des droits humains et les médias à briser le silence et à dénoncer ces violations.
Enfin, FORSATIN pointe du doigt l’implication de certains dirigeants du Polisario dans des réseaux de trafic d’armes et de drogue, utilisant des criminels et des marginaux à des fins politiques et personnelles, ce qui aggrave encore plus l’insécurité régnant dans les camps de Tindouf.