Ils nous ont appelés, ils nous ont utilisés, et maintenant ils nous méprisent : Maroc, jusqu’à quand ton silence ? »
Yamina Lamin
Maroc, Belgique. Deux pays liés par l’histoire, par le sang, par les accords. Il y a quelques décennies, des signatures officielles ont scellé une coopération. La Belgique avait besoin de bras, le Maroc a envoyé les siens. Nos parents sont partis, avec pour seul bagage la dignité et l’espoir. Ils ont creusé les mines, balayé les rues, nettoyé les hôpitaux, construit les métros. Ils ont travaillé dur, très dur, pour offrir un avenir meilleur à leurs enfants.
Mais qu’en est-il aujourd’hui, en 2025 ?
Ces mêmes enfants sont insultés, surveillés, stigmatisés.
Dès qu’un Marocain tombe malade ou perd son emploi, il est pointé du doigt : « fraudeur », « profiteur », « assisté social avec maison au bled ».
Et certains partis, comme le MR de Georges-Louis Bouchez, nourrissent cette haine en toute impunité.
Et toi, gouvernement marocain ?
Où es-tu quand les enfants de ton peuple sont humiliés ?
Pourquoi ton silence quand des familles entières, après une vie de travail, se retrouvent traînées dans la boue pour un bout de terrain hérité ou une maison bâtie pierre par pierre, avec la sueur de l’été ?
Tu conclus des accords pour le rapatriement de prisonniers, pour le commerce, pour le tourisme. Mais qu’as-tu fait pour protéger les droits de ceux qui envoient chaque année des milliards de dirhams à la patrie ?Nous t’envoyons de l’argent. Nous achetons des terrains, des matériaux, des voitures. Nous venons au pays chaque été, nous y dépensons nos économies, nous faisons tourner des pans entiers de ton économie. Et pourtant, quand nous sommes discriminés en Belgique, ton silence est assourdissant.
Et que dire du prix de la mort ?
Enterrer un proche sans assurance coûte aujourd’hui plus de 5 000 euros.
Faute de cimetières musulmans dignes en Belgique, des familles endeuillées doivent s’endetter pour rapatrier leurs morts. Même dans la mort, on ne leur fait pas de place.
Est-ce normal ? Est-ce juste ?
Pendant que les médias belges ne parlent que de « fraude au CPAS », on ne montre jamais les autres communautés.
Ce sont toujours les Marocains qui prennent.
Et personne ne lève la voix. Pas même toi, Maroc.
Pas même toi, qui proclames que ta diaspora est une richesse, mais qui la regardes s’effondrer en silence.
Comme l’a dit un jour feu le roi Hassan II qu’Allah lui fasse miséricorde
« Comment voulez-vous assimiler dans l’égalité des gens qu’on appelle encore les Beurs, les Arabes, les bougnoules ? »
Nous ne sommes pas des fraudeurs.
Nous sommes médecins, enseignants, aides-soignants, juristes, techniciens, chauffeurs, mères de famille, étudiants, retraités.
Nous avons grandi ici, mais nous n’avons jamais cessé de t’aimer, de te soutenir, de te faire vivre.
Il est temps que cela cesse.
Il est temps que tu prennes la parole.
Il est temps que tu exiges le respect.
Car à force d’ignorer ta propre communauté, c’est notre dignité que tu sacrifies.