Staffan de Mistura reste en poste, l’ONU s’aligne sur Washington

Majdi fatima zahra

Contre toute attente, Staffan de Mistura devrait rester Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental jusqu’à fin 2026. C’est ce qu’a appris Akhbarona Aljalia auprès d’une source diplomatique à Washington, alors que beaucoup anticipaient sa démission imminente.

Un changement de cap inattendu

Ce prolongement de mandat marque un tournant inattendu. À l’automne 2024, de Mistura avait pourtant lancé un avertissement clair : sans avancées majeures sous six mois, il quitterait ses fonctions. L’échéance approchant, tout laissait penser qu’il tiendrait parole.

Mais une rencontre déterminante à Washington a rebattu les cartes. Selon nos informations, Lisa Kenna, diplomate influente de l’administration Trump, a exposé à de Mistura la « feuille de route » américaine pour le dossier saharien. Un échange ferme, qui aurait convaincu l’Envoyé personnel de s’aligner sur la position des États-Unis.

Le soutien américain au Maroc confirmé

La reconduction de de Mistura doit se lire à travers les récents signaux envoyés par Washington. Le 5 avril 2025, le Secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé, lors d’une rencontre avec Nasser Bourita, le soutien total des États-Unis à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Le plan d’autonomie proposé par Rabat est désormais présenté comme la seule solution réaliste.

Le Département d’État a rappelé que l’appel du président Trump reste d’actualité : pousser toutes les parties à négocier sur la base unique du plan marocain.

La « feuille de route » imposée à de Mistura

D’après notre source, les nouvelles instructions données à de Mistura seraient claires :

  • Prioriser l’autonomie sous souveraineté marocaine.
  • Redéfinir la mission de la MINURSO pour accompagner ce processus.
  • Accélérer les négociations sous l’égide du Groupe des Amis du Sahara occidental.
  • Contenir l’influence de l’Algérie, soutien historique du Front Polisario.

Des pressions venues de toutes parts

La décision de rester en poste n’a pas été prise en vase clos. Outre les pressions diplomatiques, de Mistura a dû composer avec des menaces budgétaires pesant sur la MINURSO. Certains proches de l’administration Trump, comme l’analyste Michael Rubin, ont récemment dénoncé la mission onusienne comme un « gouffre financier inefficace ».

Le climat politique à Washington est aussi devenu plus hostile au Polisario. Le représentant républicain Joe Wilson prévoit même de déposer une loi visant à désigner le mouvement sahraoui comme une organisation terroriste.

Un tournant décisif pour le dossier

Si cette reconduction est validée lors du Conseil de sécurité prévu mi-avril, elle acterait plusieurs évolutions majeures :

  • Un alignement de l’ONU sur la vision américaine : la solution référendaire, longtemps théorique, serait écartée au profit de l’autonomie.
  • Une mise à l’écart du Polisario et de l’Algérie : la marge de négociation des indépendantistes serait considérablement réduite.
  • Une dynamique internationale en faveur du Maroc : d’autres États pourraient emboîter le pas des États-Unis en reconnaissant la souveraineté marocaine.

Et maintenant ?

La reconduction de de Mistura, dans ce nouveau cadre, promet de relancer les tensions. Rabat devrait accueillir cette évolution avec satisfaction. Alger et le Polisario, en revanche, s’apprêtent à hausser le ton contre ce qu’ils dénonceront comme une « partialité » des Nations Unies.

L’Union européenne, fidèle à sa prudence habituelle, restera probablement divisée, tandis que la Russie et la Chine devraient continuer de jouer la carte de l’abstention.

2025 : l’année de la résolution ?

À l’aube du cinquantième anniversaire de la Marche Verte, l’année 2025 pourrait bien être celle du dénouement. Avec Donald Trump de retour à la Maison Blanche, l’Amérique semble déterminée à clore ce dossier en imposant une solution « réaliste » fondée sur l’autonomie marocaine.

« Les États-Unis sont prêts à accompagner ce processus jusqu’à son terme, » a déclaré Marco Rubio. De quoi esquisser une trajectoire claire pour l’avenir du Sahara occidental : celle d’une reconnaissance internationale progressive de la souveraineté du Maroc.

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