Sahara marocain : Et si la Belgique rejoignait la dynamique internationale ?
Latifa Allali
Dans un entretien exclusif, l’Ambassadeur du Maroc en Belgique revient sur la Marche Verte et sur les avancées stratégiques du Sahara marocain. Il lance également un appel à la Belgique pour qu’elle participe davantage à cette dynamique internationale en faveur du développement et de la stabilité dans la région.
La Marche Verte, un tournant historique
Lancée le 6 novembre 1975 par le Roi Hassan II, la Marche Verte a marqué un moment clé pour l’unité territoriale du Maroc. Ce mouvement pacifique, rassemblant 350 000 volontaires marocains, a permis au Royaume de réaffirmer sa souveraineté sur les provinces sahariennes, jusqu’alors sous contrôle espagnol.
S.E.M. Mohammed Ameur, l’Ambassadeur du Maroc en Belgique
L’Ambassadeur, encore jeune à l’époque, se souvient avec émotion de cet événement.
« Je venais tout juste d’obtenir mon baccalauréat lorsque Sa Majesté a annoncé cette Marche. C’était un moment de surprise et d’enthousiasme collectif. Même si je n’ai pas pu y participer, je me souviens encore du discours de Hassan II, empreint de sagesse et de pacifisme. »Depuis cette période, le Maroc a transformé le Sahara en un modèle de développement économique et social.
Une région en plein essor
Sous la colonisation espagnole, le Sahara manquait d’investissements. Cependant, après son retour sous souveraineté marocaine, cette région est devenue un pôle économique majeur, attirant des investissements nationaux et étrangers dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, l’agriculture et les infrastructures logistiques.
« Le Sahara marocain est aujourd’hui un exemple de transformation. La région de Laâyoune et Dakhla, autrefois marginalisée, est désormais un moteur de développement. Grâce aux projets d’envergure comme le plus grand port en eau profonde d’Afrique et la production d’hydrogène vert, elle se positionne comme un carrefour stratégique entre l’Europe et l’Afrique. »
Une reconnaissance internationale
Avec plus de 33 consulats ouverts à Laâyoune et Dakhla, la communauté internationale affiche un soutien croissant à la souveraineté marocaine. Aujourd’hui, 112 pays dans le monde proposent l’approche marocaine pour le Sahara, en appuyant notamment son projet d’autonomie comme solution crédible et réaliste. En Europe, 20 des 27 pays membres de l’Union européenne soutiennent désormais cette position.
« Ces représentations consulaires ne se limitent pas à des services locaux. Elles envoient un message clair : l’avenir de ces territoires se situe dans le cadre de la souveraineté marocaine », explique l’Ambassadeur.
Un appel à la Belgique
L’Ambassadeur voit dans cette dynamique une opportunité pour la Belgique de renforcer ses relations avec le Maroc. « En 2022, lors de la visite de la ministre Hadja Lahbib, la Belgique avait déjà exprimé son soutien à l’autonomie comme solution pragmatique. Aujourd’hui, j’invite la Belgique à franchir un cap en ouvrant une représentation consulaire dans les provinces sahariennes. Cela marquerait un engagement fort pour le développement, la stabilité et la coopération. »
Cet appel s’appuie sur la présence en Belgique d’une importante communauté marocaine, estimée entre 700 000 et 800 000 personnes, qui agit comme un pont humain et diplomatique. « Cette communauté, dynamique et bien intégrée, renforce les liens entre nos deux nations et contribue au développement des deux pays », souligne-t-il.
Avec cet appel, le Maroc invite la Belgique à écrire une nouvelle page dans son partenariat historique, inscrit dans une dynamique internationale en faveur de la stabilité et du progrès.