Info ou intox ?

Elle court, elle court … la rumeur… Si il y a quelque temps encore, elle se diffusait de « la bouche bavarde à l’oreille curieuse », aujourd’hui, elle se répand des sites aux réseaux sociaux. La rumeur n’a pas de logique,  et il lui suffit juste de circuler et de se fortifier d’elle-même.  Montaigne avait raison de dire : « Il ne faut à la rumeur, ni matière, ni base : laissez-la courir, elle bâtit aussi bien sur le vide que sur le plein ». Et du coup, il devient difficile de contrôler l’actualité et d’étouffer le mensonge. Entre ce double jeu de l’info et de l’intox, les internautes marocains vacillent.

Il est évident qu’internet et les réseaux sociaux sont une mine d’or d’information mais ils sont devenus aussi un moyen redoutable de manipulation et de complot se servant de fausses annonces au point que les cybernautes ne peuvent plus démêler le vrai du faux, l’info de l’intox.

Internet et les réseaux sociaux ont facilité la multiplicité de sites dits d’information ;  et les rumeurs, faisant partie des sciences sociales et travesties en de fausses informations diffusées largement deviennent une arme de contre-propagande qui échappe au contrôle. Ce phénomène de contagion sociale se gonfle et se répand jusqu’à devenir une épidémie que des gens intéressés véhiculent au détriment de la raison et de la vérité. Ce qui est dangereux c’est qu’elle passe du statut de rumeur pour devenir une vérité incontestable qui se concrétise et s’impose par sa forte diffusion qui touche l’opinion publique étant donné qu’elle est gratuite et accessible à tout un chacun.

Il suffit qu’un utilisateur des réseaux sociaux publie une information qui fait appel à l’émotion que la réflexion raisonnable se met en veille pour s’imprégner de ce partage et enclenche alors toute une mécanique qu’on ne peut plus freiner. Les faits et la source ne sont plus vérifiés et la fausse information va bon train.

C’est dire que le monde est au cœur de la rumeur qui hante son imaginaire et qu’il a besoin d’y croire même aux dépens du bon sens. L’espace public, désormais perméable aux informations non vérifiées en  prend pour son grade car préférant un mensonge qui rassure à une vérité qui dérange, semble-t-il.

Un désir démesuré de buzz s’est saisi de certains sites d’informations qui n’ont plus le temps de faire la part entre le mensonge et la vérité et lancent des informations peu fiables à  privilégier les spéculations, la controverse, la fausse information et la désinformation. Celles-ci se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux à une vitesse vertigineuse, sous diverses formes notamment des tweets, vidéos, photos… et les internautes eux-mêmes sont pris au piège du sensationnalisme.

« L’information » est donc massive et abondante mais sans crédibilité, et c’est ce trop d’information qui tue l’information à travers ces moyens de communication de masse. Une question s’impose alors : la vérité intéresse-t-elle vraiment les médias orientés par d’autres enjeux ?  A qui profite ce jeu médiatique guidé et animé par des lobbies et des intérêts qui font qu’on ne livre plus l’information brute ?

Il est clair qu’une grande partie de nos médias, bon gré, mal gré,  détournent les yeux et l’attention des vrais problèmes du pays et des Marocains pour se pencher sur des affaires « immorales » ou de mœurs, ou ce que l’on peu qualifier de futiles, qui touchent généralement à la femme, talon d’Achille de la société marocaine. Or n’a-t-on pas d’autres soucis qui méritent débats urgents et analyses ? Ou est-ce que le Maroc serait réduit à une jupe trop courte ou à un voile trop opaque, à une adolescente américaine venue rendre visite à son ami ou encore à une souris qui a provoqué peur panique et bousculade dans une mosquée ; et qui ne justifie pas, en tous cas, ce « buzz » voyeuriste à la limite de l’indécence ?

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