Tourisme au Maroc : Entre Prix Élevés et Services Dégradés, la Fuite Vers l’Étranger
Yamina Lamin
Le Maroc face à un tourisme intérieur en crise
Le tourisme intérieur marocain traverse une période difficile. Malgré les attentes élevées, les résultats ne sont pas à la hauteur. Un rapport du Conseil supérieur des comptes a récemment souligné que le secteur manquait d’une stratégie de communication efficace et d’objectifs clairs à court, moyen et long terme. Le caractère saisonnier des activités promotionnelles reste un obstacle majeur, correspondant à un développement durable et continu du secteur.
L’une des recommandations phares de ce rapport est l’introduction de chèques touristiques pour soutenir le tourisme intérieur. Le rapport appelle également à une restructuration des services offerts par les agences de voyages pour mieux répondre aux attentes des touristes locaux et à la création d’une véritable filière de tour-opérateurs nationaux.
Les Marocains se tournent vers l’étranger
Dans un contexte économique difficile, les consommateurs marocains se sentent retardés par une offre touristique nationale jugée insuffisante et coûteuse. De plus en plus de Marocains préfèrent ainsi se tourner vers des destinations étrangères, attirées par des offres plus attractives et abordables. Ces destinations offrent non seulement des prix compétitifs mais également des infrastructures modernes et bien entretenues, contrastant avec la situation marocaine.
Une feuille de route contestée
Interrogée à la Chambre des représentants, Fatima Zahraa Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, a mis en avant la feuille de route du ministère. Cette dernière comprend deux volets majeurs : le développement du tourisme balnéaire national et du tourisme domestique dans les espaces naturels. L’objectif est de créer de nouveaux produits touristiques adaptés aux besoins des Marocains et d’encourager le tourisme tout au long de l’année.
Cependant, cette stratégie peine à convaincre. Bien que les chiffres officiels annoncent un afflux de 7,4 millions de touristes au cours du premier semestre de l’année, le touriste marocain, lui, se sent oublié. Tandis que les visiteurs étrangers bénéficient de services de qualité et de prix réduits, les locaux doivent souvent composer avec des prestations médiocres à des tarifs élevés. Une situation qui soulève un sentiment d’injustice et de frustration croissant parmi les citoyens.
En somme , le tourisme intérieur au Maroc se trouve à un carrefour. La mise en œuvre de mesures concrètes pour rendre le secteur plus attractif et accessible aux Marocains est cruciale pour éviter une fuite continue des touristes locaux vers l’étranger.