Près de 4 millions de Marocains du monde ont opté cette année pour l’Espagne et la Turquie . Un choix motivé par la cherté des prix au Maroc , le mauvais service, la qualité et le manque d’hygiène.
Les politiques publiques mises en place en matière de tourisme n’auraient pas donné les résultats escomptés. C’est du moins ce que révèlent des informations qui ont fuité dans les médias à la veille de la présentation du rapport établi par la commission thématique parlementaire, chargée de l’évaluation de la politique publique en matière de tourisme.
D’après la même source, «les ministres qui se sont succédé aux commandes du ministère du Tourisme n’ont pas mis au point de plan stratégique pour promouvoir le tourisme intérieur et offrir des offres et des services accessibles aux MRE et aux familles marocaines».
De même, poursuit la source, «des présidents des collectivités territoriales organisent des moussems et des festivals sans lier l’organisation de ces évènements à l’efficience pour réaliser des objectifs visant la promotion d’autres secteurs d’activité à savoir notamment les hôtels, les restaurants, l’artisanat, les taxis».
Le même rapport, pointe la question du contrôle de la qualité, qui se répercute négativement sur les services, l’hygiène, la propreté des lieux et les prix. Certains promoteurs dans le domaine mettent à profit la saison estivale pour renflouer leurs caisses en pratiquant des prix élevés. S’ajoute à ce tableau le phénomène du secteur informel qui brade les prix au détriment de la qualité, de l’hygiène et des services.
Cet état de fait, indiquent les mêmes sources, poussent les Marocains du monde à mettre le cap sur l’Espagne, la Turquie, le Portugal où l’offre est moins chère et de qualité supérieure.
La commission thématique parlementaire, chargée de l’évaluation de la politique publique en matière de tourisme, avait opté pour une approche participative, en privilégiant l’écoute des acteurs du secteur et des intervenants dans le circuit, en plus des visites de terrain pour évaluer l’accueil et la nature des infrastructures.
Et en raison de la flambée des prix des billets d’avion, de nombreux Marocains du monde se trouvent dans l’incapacité de rentrer régulièrement au Maroc, surtout pendant les vacances d’été.
Cette situation empêche certains MRE de rentrer au Maroc. Une Marocaine résidant au Canada, dit n’avoir pas pu rendre visite à sa famille au Maroc depuis deux ans en raison du coût élevé des billets d’avion. « Alors que les membres de la communauté dans plusieurs pays d’Europe bénéficient d’offres de diverses compagnies aériennes, y compris les compagnies à bas prix, ainsi que des traversées maritimes, nous sommes obligés au Canada de voyager vers le Maroc via Royal Air Maroc.
Cela ne devrait pas être exploité par la compagnie Royal Air Maroc comme une opportunité de profit », déplore-t-elle, précisant que les prix des billets sont devenus exorbitants, surtout pour les grandes familles de plus de trois personnes.
Des vacances au Maroc ? Pour Brahim, c’est « non », sauf quand il s’agit d’aller voir sa famille. Depuis plusieurs années, ce professionnel du cinéma a choisi Tarifa en Espagne pour assouvir sa passion : le kitesurf. « J’y vais avec mon épouse et mon fils au moins deux fois par an. » Il a fait le compte : avec le train de Casablanca à Tanger, le ferry jusqu’en Espagne, l’appartement loué une semaine, la location du matériel nautique, les repas et quelques extras, le séjour lui revient en moyenne à 2 000 euros. « J’ai mes plans et je m’y prends à l’avance pour avoir les meilleurs prix. Si j’allais à Dakhla, ça me coûterait presque deux fois plus cher », explique-t-il.
A plus de 1 500 kilomètres au sud de Rabat, Dakhla, la cité côtière du Sahara marocain , offre des paysages de dunes à couper le souffle et une lagune immense, prisée des kitesurfeurs du monde entier. Mais à quel prix ? Au printemps prochain, il faudra compter 6 000 dirhams (près de 550 euros) pour un vol aller et retour avec deux adultes et un enfant au départ de Casablanca, et au moins 15 000 dirhams pour sept jours dans un hôtel au bord de l’eau.
« Avant même de manger ou de prendre une planche, j’ai déjà dépensé plus qu’en Espagne », insiste Brahim, qui avoue ne pas comprendre la cherté des prix dans une destination promue par les opérateurs touristiques, mais dont très peu de Marocains peuvent profiter.
L’Organisation démocratique du travail (OMT) a vivement critiqué la politique gouvernementale à l’égard des Marocains résidant à l’étranger, pointant du doigt une approche jugée superficielle et occasionnelle, particulièrement lors de l’accueil des MRE…