Réfléchir à notre Dernière Demeure: Une Nouvelle Réalité pour la Communauté Marocaine en Belgique

Yamina Lamin

L’annonce récente du manque imminent de places au cimetière multiconfessionnel d’Evere pose une question cruciale pour la communauté marocaine de Belgique. Historiquement, nos parents ont opté pour le rapatriement de leurs dépouilles vers le Maroc, attachés à leurs racines et traditions. Cependant, la génération née ici, plus enracinée dans la culture belge, fait face à une réalité différente.

D’abord, la communauté marocaine en Belgique, forte de plusieurs milliers de personnes, a évolué au fil des décennies. Les premières générations, arrivées dans les années 60 et 70, ont conservé des liens étroits avec leur pays d’origine. Pour eux, se faire enterrer au Maroc était un moyen de rester connectés à leurs racines et à leurs traditions religieuses et culturelles. En revanche, leurs enfants et petits-enfants, nés et élevés en Belgique, ressentent souvent un attachement plus fort à leur pays de naissance.

Ensuite, le cimetière multiconfessionnel d’Evere, l’un des rares à offrir des espaces pour diverses confessions, se retrouve aujourd’hui presque saturé. Cette situation est d’autant plus problématique que les parcelles réservées à la population musulmane sont parmi les premières à manquer de place. Le rapatriement des corps, bien qu’encore pratiqué, devient de plus en plus compliqué et coûteux. Les jeunes générations, moins enclines à cette pratique, se retrouvent face à un dilemme : où et comment organiser les funérailles de leurs proches dans un cadre qui respecte leurs croyances tout en étant adapté à leur réalité quotidienne en Belgique?

Pour répondre à cette problématique, plusieurs pistes peuvent être explorées. Tout d’abord, la communauté marocaine pourrait initier des discussions avec les autorités locales pour la création de nouveaux cimetières multiconfessionnels ou l’extension des cimetières existants. Ensuite, il est crucial de sensibiliser la communauté aux alternatives locales et aux rites funéraires belges qui peuvent être adaptés aux croyances musulmanes. Par ailleurs, il est indispensable d’interpeller les pouvoirs locaux et les politiques en charge pour qu’ils prennent conscience de l’urgence de la situation et collaborent à la recherche de solutions. La mise en place de fonds communautaires pourrait également aider à financer ces initiatives et à soutenir les familles dans les moments difficiles.

En conclusion, il est impératif que la communauté marocaine se mobilise pour aborder ce défi de manière proactive. Cela implique un dialogue ouvert entre les générations, une collaboration avec les autorités locales et politiques, et une adaptation aux réalités actuelles. En trouvant des solutions durables et respectueuses des croyances de chacun, nous pouvons garantir une dignité et un repos éternel à nos défunts, tout en renforçant les liens de notre communauté avec son pays d’accueil.

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