Le pouvoir algérien redoute l’installation au Maroc de plusieurs fortunés algériens
Un vent de panique souffle encore une fois à Alger. Un rapport sécuritaire remis au Palais présidentiel d’El-Mouradia tire la sonnette d’alarme et met en garde contre un nouveau « danger » menaçant la sécurité nationale : l’installation au Maroc de plusieurs fortunés algériens ayant fui l’Algérie depuis au moins 2019 à cause de leurs divers problèmes politiques avec le nouveau régime du président Tebboune. Il s’agit essentiellement de businessmen ou de familles d’hommes d’affaires riches qui ont été contraints de fuir précipitamment l’Algérie afin de ne pas subir les foudres de la machine de vengeance judiciaire mise en branle par les autorités algériennes pour traquer les supposés réseaux économiques ou affairistes de l’ancien pouvoir déchu.
Jusqu’à 2022, ces personnes fortunées étaient essentiellement établies en France, Espagne ou Dubaï aux Emirats Arabes Unis. Mais depuis 2023, les services de renseignement algériens ont découvert que plusieurs de ces fortunes en fuite à l’étranger se sont rapprochés du Maroc pour y investir une partie de leurs économies ou obtenir des résidences luxueuses dans les villes les plus prestigieuses du Maroc comme Marrakech, Casablanca ou Tanger.
Le rapport sécuritaire communiqué au Palais présidentiel d’El-Mouradia dresse une liste préliminaire de personnalités qui auraient mis le pied sur le territoire marocain en y plaçant une partie de leurs fortunes ou en s’associant avec des entrepreneurs marocains qui ont prospéré à l’étranger. Dans cette liste, nous retrouvons des enfants d’anciens PDG des plus grosses sociétés étatiques algériennes, d’anciens hommes d’affaires qui se sont enrichis à l’époque de Bouteflika dans l’immobilier, l’import-export des matières premières, l’industrie pharmaceutique ou le commerce des produits de luxe.
Ce rapport sécuritaire certifie que ces personnes fortunées possédant des actifs qui se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d’euros ou de dollars sont séduits par le Maroc dont les autorités auraient ouvert généreusement et grandement toutes les portes du pays à ces « réfugiés » de luxe cherchant un abri contre les menaces permanentes du pouvoir algérien. Plusieurs de ces personnalités listées par ce rapport sont ciblées par des mandats d’arrêts internationaux qui n’ont pas pu être appliquées en raison de la longueur des procédures judiciaires enclenchées dans les pays étrangers et des contestations vigoureuses soulevées par les personnes ciblées.
En se réfugiant au Maroc, ces personnalités fortunées seront pour toujours à l’abri des poursuites de la Justice algérienne. Mais ce rapport sécuritaire redoute surtout que ces réfugiés fortunés consacrent une partie de leurs finances opulentes aux « activités subversives », à savoir des actions politiques et médiatiques hostiles au pouvoir algérien notamment à la veille des prochaines élections présidentielles prévues au mois de décembre 2024.
Le pouvoir algérien croit aussi savoir que le rival marocain a lancé délibérément cette stratégie qualifiée pour attirer vers lui toutes les personnes riches ayant fui l’Algérie cherchant des cieux plus cléments où vivre et s’épanouir. Et cette supposée stratégie marocaine procure encore une fois des sueurs froides à Alger qui voit d’un mauvais œil la constitution potentielle d’un « front d’opposants riches » depuis le voisin de l’ouest.