Maroc-France: les affaires reprennent de plus belle ,Bruno Le Maire A Rabat en avril sous signe « made with Morocco »
Après l’annonce de la visite prévue le 25 février au Maroc du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, son collègue de l’Économie, Bruno Le Maire, est également attendu à Rabat. Au menu de cette visite, notamment, une Mission d’entreprises françaises au Maroc et le Forum d’affaires Maroc-France, prévus du 24 au 26 avril prochain.
Après les discours et les gestes tout en symboles de rapprochement entre Rabat et Paris, le temps est très vite à l’action. Après Stéphane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères, et sa visite attendue le 25 février, Bruno Le Maire, qui occupe le fauteuil de l’Économie et des Finances dans le gouvernement Attal, se rendra également au Royaume. Ce sera du 24 au 26 avril prochain, indique le bien informé Africa Intelligence.
Au menu, notamment, une Mission d’entreprises françaises au Maroc et le Forum d’affaires Maroc-France, qui se tiendra à Rabat le 26 du même mois sous la présidence conjointe de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et son équivalent français, le Mouvement des entreprises de France (MEDEF). Les deux plus importantes organisations patronales du Maroc et de la France sont présidées respectivement par Chakib Alj et Frédéric Sanchez.
Contactée par Le360, une source autorisée au sein de la CGEM confirme la tenue des deux événements et le fait que Le Maire y est attendu. «Entre 100 et 150 chefs d’entreprises françaises feront le déplacement», nous précise-t-on. Parmi les secteurs prioritaires qui seront au cœur des échanges, figurent l’agriculture, l’agroalimentaire, l’énergie et la ville durable, souligne notre interlocuteur.
C’est Bruno Le Maire qui conduira la délégation française, précise pour sa part Africa Intelligence. Il aura à cette occasion des entretiens avec son homologue marocaine, Nadia Fettah. La délégation hexagonale comptera, entre autres, Ross McInnes, le puissant patron du géant de l’aéronautique Safran (également très actif dans les secteurs stratégiques de l’espace et de la défense avec un chiffre d’affaires de 23,2 milliards d’euros en 2023). Ce dernier, dont le groupe s’enorgueillit d’avoir une de ses places fortes dans le Royaume, est également le président du conseil d’entreprises Maroc-France au sein du MEDEF. Ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger, Franck Riester sera également du voyage.
Coproduction, coindustrialisation et coinvestissement
L’objectif, selon le Medef, est de donner un nouveau souffle à la coopération entre les secteurs privés des deux pays. «Le secteur privé français (1300 filiales d’entreprises françaises employant plus de 80 000 personnes au Maroc; première destination des IDE français en Afrique) est tout particulièrement concerné. Les entreprises françaises et marocaines ont constitué d’importantes chaines de valeur partagée dans l’industrie et les services. Plus qu’un marché, le Maroc est un pays de coproduction, de coindustrialisation et de coinvestissement pour les entreprises françaises», lit-on sur la page de présentation de la mission d’entreprises. Nous sommes à l’ère du «made with Morocco».
Passée cette grand-messe maroco-française du business, c’est la visite du président du Sénat français, Gérard Larcher, qui est également attendue. Ce sera au cours du même mois d’avril, révélait il y a deux jours Radio France internationale (RFI). Ce fin connaisseur et grand ami du Royaume ne vient pas seul; une forte délégation de sénateurs français devrait l’accompagner.
Cette série de visites s’inscrit dans la continuité du réchauffement des relations entre le Royaume du Maroc et la République française. Le chef de la diplomatie française a d’ailleurs souligné que ce dégel sera sa priorité. Première du genre depuis sa prise de fonction au Quai d’Orsay le 12 janvier dernier, sa visite du 25 février au Maroc avec au programme une rencontre avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, vient donner corps à de récentes, et insistantes, déclarations dans ce sens.
La relation de la France avec le Maroc est «essentielle», a estimé, le 14 février, Stéphane Séjourné, soulignant sa «volonté» de renouer un lien de confiance. «La volonté est là. J’ai repris le lien avec le Maroc. Il y avait des incompréhensions qui ont amené à une difficulté», a-t-il déclaré lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Le ton de ce virage a été donné dans un entretien publié le 10 février dans le quotidien français Ouest France, quand le chef de la diplomatie française a confié cette volonté de rapprochement, assurant qu’il allait «personnellement» œuvrer au rapprochement entre la France et le Maroc.
Une visite de Macron en vue
En vue, dans le cadre de ce déplacement, la préparation d’une éventuelle visite au Maroc du président de la République française, Emmanuel Macron. Un déplacement attendu avant l’été. Tout un symbole: ces nombreux gestes, annonces et actions ont été couronnés, lundi 19 février, et sur très haute instruction du roi Mohammed VI, par la réception à l’Élysée des princesses Lalla Meryem, Lalla Asmae et Lalla Hasnaa, sœurs du Souverain, à l’invitation de Brigitte Macron, épouse du président français. Ce déjeuner, précise-t-on, s’inscrivait dans la continuité des relations d’amitié historique entre le Royaume du Maroc et la République française.
Malgré le froid prononcé dans les relations entre les deux pays ces dernières années, les contacts n’ont jamais été rompus pour autant. Du sommet des deux États aux responsables politiques et opérateurs économiques. On notera à ce titre que Nadia Fettah avait eu des entretiens avec Bruno Le Maire en octobre dernier à Marrakech. C’était en marge de la tenue dans la cité ocre des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Le Maire s’était également entretenu avec le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. «Le Maroc est un pays ami, nous avons des relations extrêmement profondes qui l’emportent sur tout», avait déclaré le ministre français à cette occasion au magazine américain, et non des moindres, Forbes. Affaire à suivre.