Belgique : Touchez pas à nos enfants”: plusieurs centaines de manifestants protestent contre le guide EVRAS
Plusieurs centaines de personnes manifestent jeudi rue des Colonies à Bruxelles alors que la séance plénière du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit débuter à 14h00.
Au son de “Evras on n’en veut pas”; “Caroline démission” ou encore “touchez pas à nos enfants”, ces manifestants s’opposent à l’adoption attendue du décret instaurant des animations à l’éducation affective et sexuelle. La police a interdit le passage vers la zone neutre. La rue des Colonies est fermée à la circulation. Des manifestants arrivés via la station de métro Parc se trouvent cependant en face du bâtiment où se trouve l’hémicycle.
Depuis cette rentrée scolaire, tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles recevront régulièrement – au moins deux fois par an – des animations relatives à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras). Tous les élèves de 6e primaire et de 4e secondaire recevront au minimum une animation. Cela concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles. Les entités francophones du pays ont convenu de mobiliser un budget annuel de 4,8 millions d’euros à cette fin.
Courard: “On va voter le texte”
Le projet suscite la controverse. Dans un communiqué diffusé mercredi, plusieurs fédérations islamiques ont exprimé leur opposition à ce texte. Une action par mail visant les députés a aussi été organisée par un groupe de citoyens. Ceux-ci manifestent aussi devant le parlement francophone avant l’ouverture de la séance plénière. À l’inverse, le Centre d’Action laïque (CAL) a exprimé son soutien “plus que jamais” ce projet.
Interrogée jeudi matin sur La Première (RTBF), la ministre de l’Éducation Caroline Désir a tenu à rassurer. “” Nos intentions sont nobles. On ne va évidemment pas encourager une hypersexualisation chez les jeunes, on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre, on ne va pas donner de cours de pratiques sexuelles. C’est inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet”, a-t-elle déclaré. “On va voter le texte”, a assuré le député PS Philippe Courard passant sous les huées des manifestants.
L’Evras, “un travail essentiel”, selon le Délégué général aux droits de l’enfant
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras) est “un travail essentiel du point de vue des droits de l’enfant”, indique jeudi l’institution du Délégué général aux droits de l’enfant dans un communiqué.
L’institution rappelle d’ailleurs qu’elle s’est toujours clairement positionné en faveur d’une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école. “Nous avons participé activement à l’élaboration du guide méthodologique notamment en ce qui concerne la dimension participative des enfants. Ces animations répondent aux prescrits de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant en termes de santé, de développement, d’information, de sensibilisation, de protection, de la vie privée notamment”, insiste le Délégué général aux droits de l’enfant.
Ce dernier explique que les changements intervenus à la rentrée vont permettre une harmonisation, pour offrir aux élèves “de partir avec des mêmes bases”; une labellisation “pour éviter les débordements connus par le passé”; et une généralisation, “car tous les élèves de 6e primaire et 4e secondaire seront concernés.
L’institution, dirigée par Solaÿman Laqdim, souligne que l’Evras n’est pas une incitation à sexualiser le comportement des enfants et des jeunes, ni une promotion quelconque à la pornographie ou encore une incitation à précipiter les comportements sexuels chez les enfants et les jeunes. “Elle est exactement tout le contraire”, indique-t-elle, mentionnant que l’Evras doit notamment permettre de communiquer des informations aux enfants et aux jeunes pour mieux comprendre leur corps, sa transformation et ses réactions ou encore d’aborder des questions qui sont parfois sensibles.