L’imam Toujgani « n’est pas un extrémiste » selon l’organisme de surveillance de la sécurité de l’État
L’imam marocain Mohamed Toujgani n’est pas extrémiste. C’est ce qu’affirme l’organe de surveillance de la Sûreté de l’État, le Comité I. L’imam est conservateur, a tenu des propos antisémites dans le passé, mais il n’y a pas suffisamment de preuves pour justifier son expulsion.
En janvier 2022, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration de l’époque, Sammy Mahdi (CD&V), décide de retirer le titre de séjour de l’imam. L’imam Toujgani, alors en voyage au Maroc, n’a donc pas pu rentrer en Belgique. À l’époque, l’imam jouait un rôle de premier plan dans la mosquée Al-Khalil de Molenbeek.
Mahdi s’appuie sur un certain nombre de mémorandums de la Sûreté de l’Etat (VSSE) pour le choix de retirer son titre de séjour. Mais le Comité I, l’organe de surveillance des services de sécurité intérieure, soutient maintenant que ces notes ne fournissent pas de preuves suffisantes que l’imam constituerait une menace pour la sécurité de l’État.
Les propos antisémites de Toujgani ont déjà été cités par le passé. Il est également décrit comme un informateur des services de renseignement marocains et ses déclarations anti-occidentales sont également présentées. Mais il y a peu de preuves concrètes, dit le Comité I.
Dans l’une des notes du VSSE, Toujgani est décrit comme conservateur, mais pas extrême. En fait, Toujgani est quelqu’un qui a « toujours condamné le terrorisme et l’usage de la violence ». Le Comité I souligne que jusqu’en juillet 2019, la VSSE « n’a pas jugé nécessaire » d’avertir les autorités au sujet de Toujgani.
Jusqu’à ce que Toujgani dépose sa demande de naturalisation et qu’une ancienne décision refait surface en 2019. Dans une vidéo d’une décennie plus tôt, Toujgani a déclaré, après une récente frappe aérienne sur Gaza : « Seigneur, que le sang des martyrs soit une arme sous les pieds des oppresseurs sionistes, et que ce sang soit un feu ardent qui les brûle et un vent qui les châtie. »
décision politique »
Selon l’islamologue Corinne Torrekens, le rapport du Comité I n’est pas une surprise. Un autre juge avait également précédemment jugé que les éléments du rapport du VSSE n’étaient pas une raison suffisante pour ne pas accorder à Toujgani un permis de séjour.
Expulser quelqu’un après quarante ans est une décision radicale. Selon Torrekens, un système démocratique doit fonder une telle décision sur de graves erreurs. Ils manquent au dossier. « Maintenant, il semble que Toujgani soit traité différemment à cause de sa religion », dit-elle.
C’est problématique, pense Torrekens, car de telles décisions peuvent finalement encourager la radicalisation. « Cela renforce l’idée que l’État de droit ne s’applique pas aux musulmans, car deux mesures et deux poids. »
Toujgani était une figure importante pour les musulmans de Bruxelles et de Belgique. L’arrêt du Comité I confirme Torrekens dans son idée que l’expulsion était politiquement motivée, dans le but d’envoyer un « signal ».
La porte-parole de l’actuelle secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Nicole De Moor (CD&V), nie qu’il s’agisse d’une décision politique. « Toutes les expulsions sont effectuées au vu des informations des services partenaires. Les procédures ont été suivies légalement correctement et sont terminées. »