PPS-RNI : enfin un peu de friction politique

Depuis quelques jours, le landerneau politique marocain est en ébullition. Et, une fois n’est pas coutume, c’est parce qu’un parti d’opposition parlementaire, le PPS en l’occurrence, a jeté un pavé dans la marre gouvernementale en adressant solennellement une lettre au Chef du Gouvernement. Une lettre dans laquelle le PPS ne mâche pas ses mots et ne passe pas par quatre chemins pour critiquer, argumentation à l’appui, le bilan d’un gouvernement dont pour une fois il ne fait pas partie.

Sur la forme, la démarche du PPS interpelle. Une lettre « recommandée » n’est pas le format habituel de prise de parole d’un parti politique qui dispose d’espaces d’expression démocratiques consacrés, comme le Parlement, qui a d’ailleurs été longtemps un marqueur fort, du temps d’Ali Yata, des prises (pour ne pas dire des proses) de positions du parti. Faut-il y voir déjà une forme de provocation au Gouvernement ? Une insinuation que les autres canaux n’aboutissent pas ? L’assurance que la démarche, parce qu’inhabituelle, aura un écho différent ? Quoi qu’il en soit, la cure d’opposition du PPS semble apporter aux camarades une certaine créativité, preuve des bienfaits de l’exercice de temps à autre.

Sur le fond, nul doute que le diagnostic fait par le PPS des difficultés économiques que subissent les Marocains, les plus pauvres en particulier, est fondé. Sur les raisons qui expliquent ces difficultés et l’action en conséquence du Gouvernement mené par le RNI depuis près d’un an et demi, il s’agit de déterminer si le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Mais, c’est incontestablement le retour dans le paysage politique des clivages qui normalement distinguent les forces politiques en présence et qui donnent au terme « opposition » tout son sens démocratique. La démarche du PPS est peut-être incongrue sur la forme, opportuniste sur le timing mais le parti pour le progrès du socialisme se rappelle enfin sur le fond à ses valeurs et ses engagements naturels et historiques. De même, le RNI, en sa qualité de leader de la coalition gouvernementale, démocratiquement élue, défend son bilan avec force et vigueur, ne manquant pas de rappeler au PPS ses réalisations en faveur de l’État social ou encore les mesures prises pour contenir l’inflation galopante. Cette friction politique, ces petites passes d’armes, les choux-gras de la presse qui les commente, ce sont malgré tout, les signes vitaux d’une démocratie active et nous devons l’encourager.
Ce n’est pas parce que les Marocains bénéficient d’une feuille de route royale et de l’impulsion directe du Souverain dans de nombreux dossiers et réformes, que l’action du Gouvernement, même agissant dans l’intérêt des concitoyens, ne doit pas être questionnée. Car en réalité, si la réponse du Gouvernement au PPS est sèche et peut-être même cinglante, elle a été formulée et c’est l’essentiel. En définitive, s’il n’y a pas de contradiction, d’argumentations, il ne peut y avoir même de satisfaction ou de bilan positif. Pourvu que ça dure

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