A Bruxelles dimanche après le match, mais aussi à Liège et à Anvers, le foot a montré sa «face sombre». Avec des débordements, des heurts de rue entre jeunes, quelques blessures et des confrontations avec les forces de l’ordre
Des violences ont éclaté dimanche à Bruxelles après la victoire un peu inattendue du Maroc contre la Belgique à la Coupe du Monde de football. Quelques «dizaines de personnes» s’en sont prises aux forces de l’ordre et ont incendié une voiture et du mobilier urbain, relatent les agences de presse. Akhbarona Aljalia propose notamment une vidéo où l’on voit un commerçant de la ville s’insurger que «les jeunes» soient «fous» et «cassent tout».
A Liège, une cinquantaine de personnes ont attaqué un commissariat, brisant des vitres et endommageant deux véhicules de police. Les forces de l’ordre sont là aussi intervenues avec un canon à eau. Des devantures de magasin et un abribus ont été vandalisés. Et des incidents ont également éclaté à Anvers, où une dizaine de personnes ont été arrêtées.
Dans ce chaos, qui est fautif? Impossible de répondre à cette question, mais il est sûr que de lourds contentieux ont refait surface, laissant pas mal de place aux messages haineux sur les réseaux, de nature xénophobe ou aux relents de postcolonialisme:
Sur place, les principaux quotidiens du pays font leur une sur la prestation décevante des Diables rouges. Mais aussi sur ces émeutes qui ont redoublé d’intensité une fois le coup de sifflet final donné. Le Soir parle de «tristesse et de honte», mélange d’émotions après la défaite sans gloire de la Belgique: «Le football devrait être une fête. La violence est inappropriée dans de telles circonstances», a déploré le premier ministre, Alexander De Croo. «Ce devait l’être en effet pour les supporters des Lions de l’Atlas qui ont infligé au Qatar une défaite jugée méritée à des Diables rouges vraisemblablement fatigués. De bien mauvaises images alors que la fête était de mise dans beaucoup d’endroits de la capitale comme ailleurs dans le Royaume qui compte une importante communauté marocaine», écrit le quotidien bruxellois.
Un problème d’«intégration»
Le Soir évoque aussi les éditions de SudInfo qui parlent d’un «après-match de la honte» en faisant le bilan des dégâts matériels et des effectifs policiers mobilisés. La ministre belge de l’Intérieur, Annelies Verlinden, y désigne clairement les coupables: «Le problème est bien plus important et dépasse le cadre du football: comment devrions-nous traiter les personnes qui ne veulent pas s’inscrire dans notre société?» s’interroge-t-elle.
La Libre Belgique, qui publie beaucoup d’images spectaculaires sur ces échauffourées, dit enfin que Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, a très rapidement réitéré sa «plus ferme condamnation envers ces voyous qui veulent s’en prendre à notre capitale», dimanche soir, sur Twitter. «Ils trouveront toujours la police de Bruxelles face à eux pour les empêcher de nuire.»
Au Maroc, enfin, le quotidien L’Opinion donne cette version des faits: «La défaite de l’équipe belge a tellement frustré quelques supporters qu’ils sont descendus dans la rue pour l’exprimer violemment.»