Bloqué depuis deux mois au Maroc, un Marseillais se sent abandonné
Des milliers de compatriotes sont toujours bloqués au Maghreb. « Je ne suis pas un Français de seconde zone » crie un Marseillais qui veut retrouver sa femme et ses enfants.
Parti le 9 mars quelques jours en vacances chez des amis, un Marseillais est coincé à Casablanca d’où il alerte « Akhbarona Aljalia « . « Je suis bloqué depuis 2 mois avec beaucoup de compatriotes. Le 13 mars, le Maroc a fermé ses frontières, mon vol de retour était prévu le 17 mars. Air France m’a alors dit ne vous en faites pas, il y aura toujours de la place. À ce jour, j’attends toujours. J’ai une femme et deux enfants de 9 et 12 ans. Chaque fois on me dit que je suis prioritaire mais je vois les autres monter dans l’avion et je reste sur le tarmac. J’ai réservé 4 vols qui ont tous été annulés. On me répond qu’il faut attendre. Si encore on avait une perspective, si au moins on nous donnait une date» relate Hassan El Fatni, la voix épuisée. « Mon employeur est compréhensif mais jusqu’à quand ? J’ai attrapé le diabète avec l’angoisse et le stress. Je ne dors pas. » explique ce cadre de banque de 57 ans qui veut retrouver sa femme et ses deux enfants chez lui à Saint-Joseph, dans le 15e.
Paierait-il d’être binational ? « Ça complique car je vois que les Français de souche sont prioritaires avant tous les autres. J’ai l’impression d’être un citoyen de seconde zone, abandonné. Je me suis déplacé maintes fois au consulat. Désormais, les policiers bloquent la rue. » Et ce n’est pas une question d’argent car il a bien précisé dans tous les formulaires remplis qu’il se prenait en charge. Le cas de ce Marseillais n’est pas isolé. Plus de 10 000 de nos compatriotes sont bloqués au Maghreb, en dépit du « pont aérien » organisé au début du confinement. Si 30 000 Français ont pu quitter le Maroc, il en restait encore plus de 5 000 attendant un des rares vols hebdomadaires. Idem en Tunisie où 5 000 Français sont identifiés par la cellule de crise du Quai d’Orsay.
« Le sentiment que la France leur tourne le dos »
Député des Français à l’étranger, M’Jid El Guerrab (LREM) a interpellé mardi le gouvernement. « Parce qu’une grande majorité d’entre eux sont des binationaux, ils ont le sentiment d’être oubliés, que la France leur tourne le dos » a t-il dit au ministre des Affaires étrangères. Jean-Yves Le Drian lui a répondu n’avoir « pu faire revenir que 30.000 de nos ressortissants du Maroc par dérogation, au vol par vol. Nous sommes mobilisés pour doubler le nombre de fréquence pour les pays du Maghreb. » Le ministre a rejeté cette situation sur « les contraintes sanitaires de ces pays-là.» Hassan El-Fatni est hébergé chez des amis, de Rabat à Casablanca. À Marseille, sa femme et ses enfants l’attendent.