Maroc : Nasser Zefzafi, le leader du Hirak, veut être déchu de sa nationalité
Le chef du mouvement de contestation dans la région du Rif a été condamné à vingt ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ».
Nasser Zefzafi, le leader du mouvement de contestation du « Hirak » qui a agité le nord du Maroc en 2016-2017, a demandé à être déchu de sa nationalité, en même temps que cinq autres militants détenus, a-t-on appris samedi 24 août auprès de son père. Cette requête est surtout symbolique, car la déchéance de nationalité n’est pas prévue par la loi marocaine.
Les six hommes ont adressé leur demande au ministre de la justice et au procureur général du roi près la Cour de cassation, en dénonçant « l’instrumentalisation de la justice », qui a selon eux « rejeté les preuves de leur innocence », selon un communiqué lu par Ahmed Zefzafi. Ils s’indignent aussi d’avoir subi des « tortures »pendant leurs interrogatoires, des faits mentionnés dans un rapport officiel « enterré »par les autorités.
Les manifestations sont « toujours interdites »
Nasser Zefzafi, un ancien chômeur de 39 ans devenu le visage du mouvement, a été condamné à vingt ans de prison ferme pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ». En appel comme en première instance, le leader du Hirak a boycotté, avec ses co-accusés, ce qu’il considérait comme un « procès politique » ; et les avocats de la défense ont refusé de plaider, réclamant un procès « équitable ».
Le Hirak avait été déclenché par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise. Fin juillet, un comité de soutien au mouvement du Rif avait affirmé que « toutes les formes pacifiques de rassemblement et de manifestation sont toujours interdites » dans la région et que de nouvelles procédures judiciaires ont été ouvertes contre des « citoyens qui ont exercé librement leur droit constitutionnel à manifester pacifiquement ».
Estimé à plusieurs centaines, le nombre exact de condamnations liées au mouvement n’est pas connu. Certains détenus ayant purgé leur peine, d’autres ayant bénéficié d’une grâce royale, il reste une soixantaine de militants en prison, dont 29 du groupe des meneurs condamnés à Casablanca, selon l’association des familles de détenus du Hirak. L’administration pénitentiaire a publié vendredi un démenti « catégorique »après des « accusations de mauvais traitements »et des « allégations de tortures » lancées sur les réseaux sociaux par des proches de certains détenus à Fès, Tanger et Salé.