Depuis Tourcoing, ils arrosaient la Belgique en cocaïne et en héroïne

Dans le Nord plus qu’ailleurs, le trafic de stupéfiants est une affaire de frontières. Des fournisseurs se rendent généralement aux Pays-Bas, reviennent avec des quantités plus ou moins importantes et « arrosent » leur clientèle. En franchissant deux frontières, la belge et la hollandaise, ces hors-la-loi prennent des risques. D’où la surprise des policiers tourquennois, en mai dernier, lorsqu’un témoin anonyme les contacte. Selon cette source, un groupe d’hommes évoluant autour de la rue Mirabeau et de la chaussée Berthelot (à un jet de caillou de la Belgique) alimente des toxicomanes belges en drogues dures.

Une planque est organisée. Sur une voie urbaine reliant les deux pays, les enquêteurs assistent à un vague échange entre un possible dealer et un Belge en Peugeot Partner. Lorsque ce dernier rentre dans son pays, sa ceinture de sécurité n’est pas bouclée. Une bonne raison pour le contrôler. Sur lui, une dose de cocaïne et une autre d’héroïne. L’étau commence à se serrer autour des Tourquennois A. B., 21 ans, Roger Samyn, 22 ans, S. B., 20 ans et C. M., 21 ans.

« Ils sont donc soupçonnés d’avoir refourgué, de mars à mai dernier, de la came à des «bourgeois belges». »

Ce dernier, défendu par Abderrahamane Hammouch, sera vite soupçonné d’être l’initiateur de l’affaire. Selon les enquêteurs, C. M. a fait fonctionner le trafic avant d’envoyer un message à tous ses clients. Dorénavant, le commerce est « transféré à un ami ». « Vous avez racheté une clientèle », résumera le président Ludovic Duprey à un Samyn groggy dans le box. « Oui », souffle le prévenu.

1,7 kilo d’héroïne et 350 grammes de cocaïne

A. B., Samyn et S. B, tout juste arrêté après une longue cavale, sont donc soupçonnés d’avoir refourgué, de mars à mai dernier, de la came à des « bourgeois belges ». « Je regrette », balbutie maintenant le premier. Pour Samyn, la pilule sera plus difficile à avaler. Il va devoir assumer pour 1,7 kilo d’héroïne et 350 grammes de cocaïne de transaction. D’autant plus que les magistrats n’apprécient pas quelques détails du dossier. Comme un ticket de caisse de chez Louis Vuitton de 2000 € retrouvé chez le revendeur supposé du fichier clients. Le procureur Olivier Agnus raille, lui, les séances en « spa détente et les livraisons de kebab ».

Penché sur le cliché de l’un des suspects, le président lâche : « Il a très bonne mine sur la photo. On sent que les stups, ça réussit à beaucoup de monde… » Résultat : 10 mois de prison avec sursis pour A. B., 24 mois, dont huit avec sursis et mise à l’épreuve pour Samyn qui dort maintenant en prison. Tout comme les deux derniers suspects de ce dossier. Ils y attendent leur prochaine comparution.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.