« Pourquoi j’ai publié les photos de la députée islamiste marocaine ‘dé-voilée' »

Rachid Niny est le directeur du quotidien « Al Akhbar », qui a publié les photos de la députée Amina Maelanine sans voile, à Paris. Pour lui, ce cliché révèle le « double discours » du parti islamiste.

Directeur de la rédaction du quotidien marocain « Al Akhbar », Rachid Niny a été l’un des premiers à publier les photos polémiques de la députée du parti islamiste PJD Amina Maelanine, sans voile, à Paris. Une controverse qui s’inscrit, selon lui, dans une crise profonde au sein du parti au pouvoir.

Comment se fait-il que des photos personnelles de la députée Amina Maelainine soient sorties dans la presse ? S’agit-il, comme elle l’affirme, d’une cabale politique ?

Les politiciens, et surtout les islamistes, ont toujours tendance à se présenter en victimes dans le but de diaboliser toute critique envers eux. Mais les photos de la députée islamiste ne sont pas prises dans un endroit privé, personnel, et elles n’ont rien d’intime. Ce sont des photos souvenirs prises dans des lieux publics à Paris, notamment devant le Moulin rouge à Pigalle et place Vendôme. Ce qui les rend importantes à mon sens c’est qu’elles montrent un visage totalement différent de celui qu’elle affiche sur la scène politique au Maroc.

C’est pourquoi ces photos sont une information importante, après, bien sûr, que nous les ayons authentifiées. C’est comme si vous en France vous tombiez sur des clichés montrant une députée du Front national portant un voile en sortant de la grande mosquée de Paris ; ou bien des photos d’un député du PS marchant à côté des manifestants qui exigent d’abolition du Mariage pour tous. Ces photos montrent l’incohérence politique et morale d’une députée qui gagne 10.000 euros par mois grâce à l’argent du contribuable marocain. Ce dernier a donc tout à fait le droit de connaître les changements idéologiques de ses représentants qui siègent au Parlement grâce à leurs voix.

Pour les pijidistes [les sympathisants du parti islamise PJD, NDLR], le hijab est un signe religieux et un instrument électoral. Le fait qu’une parlementaire de ce parti l’enlève à l’étranger et le remette une fois au Maroc est donc une information de taille. Nullement une cabale. C’est un exercice journalistique qui révèle la vraie nature d’un parti au pouvoir depuis sept ans.

Je la défendrais si elle décidait de porter tout le temps, ici comme ailleurs, ses cheveux libres et un pantalon qui marque ses formes. Mais avancer sur la scène politique marocaine avec deux visages, ce n’est pas sain du tout. Le mot clé dans cette affaire est la cohérence. Pour moi, il est primordial de révéler le double discours en politique. Les électeurs doivent voir ce genre de photos pour savoir à qui ils donneront leurs voix à l’avenir.

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