Yellow Jackets»: le triomphe du goût du divorce de la politique
Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a admis que la vague de manifestations qui déferle sur la rue populaire française depuis le milieu du mois dernier reflète « la colère de la France, qui travaille d’arrache-pied ». « C’est la colère des Français qui se retrouvent acculés au mur », at-il déclaré dans un discours télévisé diffusé hier à la radio, « un scandale qui s’enracine dans une profonde injustice ». Philippe a également annoncé que la série de décisions fiscales qui devaient être appliquées plus tôt cette année, y compris les taxes sur le carbone, le contrôle technique des voitures, les redevances d’électricité et de gaz, serait suspendue pendant six mois, au cours desquels des consultations seraient tenues avec les organes populaires, le parlement, les partis, les administrations locales et les syndicats. Mettre en œuvre le programme de réforme du gouvernement dans le domaine de l’énergie.
Bien que cette reconnaissance ait été retardée de près de trois semaines, la France a fait quatre victimes et des centaines de blessés parmi les manifestants et le personnel de sécurité, ainsi que des centaines d’arrestations et de transferts à la justice, ainsi que la destruction d’installations publiques et privées et de monuments historiques, mais les mesures provisoires annoncées par le Premier ministre répondent à une partie des demandes populaires et ouvrent la voie au dialogue. Des solutions globales peuvent être efficaces et durables. Mais l’impasse la plus profonde sera comme un feu sous la cendre, car elle ne se limite pas au secteur des taxes, à la pollution de l’environnement et aux prix de l’énergie, et la France seule n’est pas la seule dans les autres sociétés capitalistes contemporaines.
Le mouvement « Yellow Jackets » a confirmé un nouveau niveau de séparation croissante entre les mouvements de contestation sociale de la classe moyenne, des personnes à faible revenu et des pauvres, les groupes au pouvoir, les partis politiques et les institutions bureaucratiques, mais il n’est pas évident que derrière les « vestes jaunes » Ou même une théorie idéologique. En dépit de toutes les tentatives de défense du mouvement et de justification de ses revendications et de son exploitation par les forces et les partis opposés à la politique du président français Emmanuel Macaron, le divorce entre eux et la politique en général s’enracine jour après jour.
C’est un phénomène qui n’a pas surgi de nulle part, mais qui est socialement enraciné, comme l’a reconnu le Premier ministre français. C’est le fruit de la philosophie néolibérale adoptée par Macron depuis son élection. On peut dire que ses applications pratiques se sont cristallisées avec la réticence de l’électeur français sur les candidats des partis de droite et de droite lors des dernières élections présidentielles Et sa tendance à choisir un candidat « extérieur » pour l’institution et en dehors de ses normes et de son école, en particulier après que l’électeur a été mis devant une option quasi coercitive: soit Macaron, soit Marin Lupin, le candidat de l’extrême droite.
Le retrait du gouvernement intérimaire français, la suspension de l’application des procédures fiscales et la réouverture des portes plus larges du dialogue sont une victoire attribuée aux « vestes jaunes ». D’abord, personne ne peut prétendre aujourd’hui que le mouvement de protestation appartient à la gauche ou à la droite, modérée ou dure, Ose réclamer son père. Mais c’est un triomphe du goût du divorce par rapport à la politique traditionnelle et à ses institutions de parti, parlementaires et syndicales: c’est peut-être la profonde leçon que les démocraties occidentales modernes et leurs institutions doivent assumer et tirer de leurs conclusions avec prudence et réalisme.