Le phosphate marocain veut aider l’agriculture africaine
Forte des plus grandes réserves mondiales de phosphate, la société publique marocaine OCP veut aider l’agriculture africaine à devenir la première du monde. Il faudra pour cela vaincre d’énormes obstacles.
De la terre retournée sur des milliers d’hectares, une mine si vaste que chaque camion de 200 tonnes est suivi par GPS, trois usines de lavage de minerai et un pipeline qui amène tous les ans jusqu’à la mer 20 millions de tonnes du précieux phosphate. Bienvenue à Khourigba, première mine au monde d’extraction du phosphate. «Un phénomène géologique exceptionnel, vante Brahim Ramdani, vice-président du site exploité par la société OCP, propriété à 95% de l’Etat marocain. Le filon fait 50 km de large, 150 km de long pour 60m de profondeur. Au rythme actuel d’exploitation à ciel ouvert, nous en avons pour 600 ans ». Ce n’est pas ici qu’on s’inquiète des risques de pénuries de l’élément minéral essentiel à la croissance des plantes.
Au début des années 2000, des chercheurs ont lancé l’alarme sur l’état de cette ressource qui sert pour la moitié de sa production comme composant des engrais minéraux. 194 millions de tonnes composées à 60% de nitrates, 15% de potasse, 25% de phosphate sont produites tous les ans. Selon un récent rapport de l’OCDE sur les risques environnementaux de l’usage excessif des nitrates, la moitié de la population mondiale dépend aujourd’hui des engrais azotés pour son alimentation. Et le Maroc sera demain l’unique région où le monde pourra se fournir. «Aujourd’hui, la Chine produit 140 millions de tonnes de phosphate, loin devant les Etats-Unis et ses 27,7 millions de tonnes et le Maroc apparaît à la troisième place avec 27 millions de tonnes, expose Jean-Pierre Prian, expert au BRGM. Mais dans deux ou trois décennies, le paysage aura complètement changé. Le Maroc possède plus de 70% des réserves, contre 4,7% pour la Chine et à peine plus pour les Etats-Unis ».