Au Maroc, le procès du patron de presse Taoufik Bouachrine jette le trouble

Le directeur d’un des plus influents quotidiens du pays, connu pour son ton critique envers le pouvoir, est accusé de plusieurs agressions sexuelles.

Les semaines de procès se suivent et apportent leurs lots de rebondissements. Des vidéos « dégoûtantes » projetées à l’audience, des avocats qui claquent la porte du tribunal, des noms d’oiseaux échangés entre conseils, des femmes éplorées ou amenées de force au tribunal. Trois mois après le début du procès visant le patron de presse marocain Taoufik Bouachrine, les tensions qui entourent l’affaire ne faiblissent pas.

Le directeur d’Akhbar Al-Youm, important quotidien du Maroc, a été arrêté le 23 février dans les locaux du journal et aussitôt incarcéré. Il est accusé de « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Des accusations très lourdes qui créent la suspicion alors que le journaliste de 49 ans est connu pour ses critiques envers le pouvoir.

Pour le conseil de M. Bouachrine, il ne fait ainsi aucun doute qu’il s’agit d’une manipulation. « On prend les gens pour des imbéciles, fulmine MeMohamed Ziane dans son bureau de Casablanca. Mon client dirige un quotidien qui critique tous les centres de décision, sans exception, et c’est ça qui pourrait lui coûter cher. »

« Une aubaine »Lancé en 2009, Akhbar Al-Youm est l’un des quotidiens arabophones les plus influents du royaume, avec quelque 15 000 exemplaires diffusés par jour. « Bouachrine est l’un des meilleurs journalistes en arabe, une plume, témoigne un journaliste francophone. A un moment, il est devenu gênant pour la stratégie du Palais qui veut faire d’Aziz Akhannouch [ministre de l’agriculture et riche homme d’affaires] le futur premier ministre et de son parti, le Rassemblement national des indépendants (RNI), une super-formation capable de contrer le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste). » Si Taoufik Bouachrine n’est pas membre du PJD, il en est proche, notamment de l’ex-chef de gouvernement Abdelilah…

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