Mon expérience comme étudiant marocain en Belgique

Âgée de 17 ans, j’ai posé pour la première fois mes pieds sur le territoire Belge à l’aéroport de la ville de Charleroi. Mes débuts n’ont pas été des plus faciles : sortir du cocon familial et se retrouver du jour au lendemain responsable de toutes les facettes de la vie.
Mais malgré cela, je me rappelle vivement avoir eu plusieurs rêves en tête, un cœur rempli d’espoir à l’idée d’un avenir prometteur et surtout la promesse qu’au bout de toutes ces peines que peut accompagner la vie estudiantine m’attendront un travail et une carrière éventuelle dans un métier qui me fascine.
Quel fut mon désespoir quand je me suis rendue compte sept ans plus tard, que j’étais bel et bien loin du compte. Les rêves se dissipent d’année en année, la carrière se rétrécit et les débouchés avec. Ainsi, de nos jours seules deux options me semblent se présenter aux jeunes étudiants marocains, une éternelle vie estudiantine avec l’espoir qu’en surchargeant notre cv de diplômes nous échapperons à un chômage qui reste pour la majeure partie des étudiants inévitable ou une succession de stages non rémunérés qui donne très rarement lieu à une embauche.
Mettez-vous à leur place une seconde voulez-vous ? Ces jeunes gens qui se donnent corps et âmes chaque jour, allient jobs étudiants et cours à pleins temps, déboursent chaque année en moyenne 15 000 euros entre les frais d’inscriptions qui ne cessent de grimper, un studio qui ne mérite absolument pas son loyer, et des charges à ne plus en finir… Pour finalement, pouvoir se dandiner sur l’estrade vers le doyen de l’université et récupérer ce diplôme tout attendu qui va enfin leur ouvrir les portes de l’éventuel chômage.
Le milieu du travail étant très strict pour les ressortissants étrangers à cela s’ajoute la redoutable date limite de prolongation de la carte de séjour qui s’approche à grands pas et avec la sentence du retour allé-simple vers l’aéroport Mohammed V de Casablanca.
Le Maroc, tiens, parlons-en aussi, une situation encore plus déprimante pour les chercheurs de travail, un chômage dont le taux ne cesse de grimper chaque année et dont on ne retient que le nom puisque à ce jour on ne reconnaît aucune indemnisation ni aide pour ces derniers. On retourne ainsi bredouille chez ses parents pour les plus chanceux, la tête basse, la gorge nouée et en redoutant l’infaillible et attendue dépression.
L’avenir des jeunes ? C’est une question qui me taraude l’esprit. Ces jeunes gens que la société élève, instruit et abandonne en cours de route. Ce sujet n’est-il pas important ? N’avons-nous pas besoin de ces dits jeunes pour construire le Maroc de demain ? N’avons-nous pas besoin de ses esprits cultivés ? De ses professionnels instruits ? Et surtout de cette vision ambitieuse pour un Maroc meilleur ?
En ce sens, je me languis de voir un jour les jeunes pris au sérieux. Que le futur du Maroc soit pris en charge par les autorités concernées, encadré, aidé et guidé. Aussi bien les jeunes étudiants vivant au Maroc que ceux résidant à l’étranger. Car n’oublions pas que c’est en s’occupant des jeunes d’aujourd’hui que nous créerons la société de demain.

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