Mort du journaliste Jamal Khashoggi : la version de l’Arabie saoudite divise

L’Arabie saoudite a reconnu, ce samedi 20 octobre, que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi avait été tué à l’intérieur de son consulat à Istanbul. Ces explications divisent sur le plan international.

L’Arabie saoudite a admis ce samedi, 17 jours après la disparition de Jamal Khashoggi, que le journaliste saoudien avait été tué à l’intérieur du consulat du royaume à Istanbul, sans toutefois révéler d’informations permettant de localiser son corps. La confirmation de sa mort a été relayée peu avant l’aube par l’agence de presse officielle saoudienne SPA, qui a évoqué, citant le parquet, une « rixe » au consulat du royaume à Istanbul.

Ces explications qui divisent sur le plan international. « Les informations données sur le déroulement des faits au consulat à Istanbul sont insuffisantes », a dit la chancelière allemande Angela Merkel qui s’exprimait avec le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas. Tous deux ont dit attendre de l’Arabie Saoudite « la transparence sur les circonstances de la mort et ses raisons de fond », et que soient retrouvés « les responsables ».  Et l’Allemagne s’est dit prête à un éventuel gel de ses exportations d’armes vers l’Arabie Saoudite.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, lui, déclaré que les explications données par Ryad sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi ne répondaient pas à toutes les questions et réclamé une « enquête exhaustive et diligente ». Dans un communiqué, le ministère britannique des Affaires étrangères a, lui, appelé à ce que les « personnes responsables de cet acte horrible soient jugées ». L’Union européenne a, elle, fait savoir qu’elle exigeait une enquête complète, que les responsabilités soient établies.

Des explications « crédibles » pour Donald Trump

À un journaliste qui lui demandait s’il jugeait cette version « crédible », Donald Trump, en déplacement dans l’Arizona, a répondu : « oui, oui ». Le président américain juge toutefois qu’il est « trop tôt » pour parler d’éventuelles sanctions contre l’Arabie Saoudite.

Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif américain, a présenté les « condoléances les plus sincères »de la Maison Blanche, à la famille, la fiancée et les amis de Jamal Khashoggi. « Les États-Unis prennent note de l’annonce par le royaume d’Arabie saoudite que l’enquête sur le sort de Jamal Khashoggi progresse et que le royaume a entrepris des actions à l’encontre des suspects qui ont été pour l’instant identifiés », a affirmé Sarah Sanders.

Lindsey Graham, proche allié du président Trump était, lui, beaucoup plus circonspect à propos des circonstances de ce décès. « Dire que je suis sceptique sur la nouvelle version saoudienne sur M. Khashoggi est un euphémisme », a tweeté le sénateur.

Bob Menendez, membre démocrate de la commission des Affaires étrangères au Sénat, a lui estimé que les États-Unis devaient sanctionner les Saoudiens impliqués. « Même si Khashoggi est mort en raison d’une altercation, rien n’excuse son meurtre », a-t-il tweeté. « C’est loin d’être la fin (de l’affaire) et il faut que nous maintenions la pression internationale ».

De son côté, Mike Coffman, un élu Républicain du Colorado, a exhorté Donald Trump à rappeler l’ambassadeur américain par intérim en Arabie Saoudite. Le président doit encore nommer un ambassadeur à Ryad.

Le chef de l’ONU est « profondément troublé »

À l’ONU, Antonio Guterres, le secrétaire général, s’est lui dit « profondément troublé par la confirmation de la mort de Jamal Khashoggi », selon un communiqué des Nations unies. Il « souligne la nécessité d’une enquête rapide, approfondie et transparente sur les circonstances du décès ». La rapidité de la réaction d’Antonio Guterres après l’aveu saoudien tranche avec la prudence observée jusqu’alors à l’ONU depuis début octobre.

Les conclusions saoudiennes ne sont « pas dignes de confiance », a indiqué Amnesty International dans un communiqué. Selon l’ONG, une enquête indépendante « sera la seule garantie contre ce qui apparaît de plus en plus comme une dissimulation saoudienne des circonstances de l’assassinat de Khashoggi ou contre toute tentative d’autres gouvernements de passer la question sous silence pour préserver les ventes d’armes lucratives et autres liens commerciaux avec Ryad ». Une demande également réitérée par Reporters sans frontières (RSF), qui a appelé à maintenir la « pression » sur l’Arabie saoudite en boycottant le Forum économique du Golfe (du 23 au 25 octobre) et en gelant « les dossiers commerciaux » avec Ryad.

Dans le même temps, les enquêteurs turcs ont poursuivi leurs investigations, fouillant notamment une vaste forêt proche d’Istanbul. Et Ankara a annoncé qu’elle allait « tout » révéler sur cette affaire qui a suscité une onde de choc mondiale et terni l’image de Ryad.

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