L’ADMINISTRATION MAROCAINE -Cinquième partie

Réforme de l’Etat

Face aux problèmes importants que nous avons cités précédemment, une question cruciale se pose au peuple marocain et à ses ‘’élites’’ en ce début du 21ième siècle : de quel Etat a-t-elle besoin la société marocaine de demain ?

Les rapports entre l’Etat d’une part, la société civile en général et le citoyen en particulier de l’autre, qui se modifient constamment, nécessitent une réforme et une redéfinition du rôle de l’Etat. Après avoir connu l’Etat makhzénien et sécuritaire, le Maroc d’aujourd’hui et de demain a besoin d’un Etat qui assure efficacement la protection des intérêts essentiels du Maroc et de ses citoyens, la régulation de la vie économique et sociale, le dynamisme économique, la stimulation des initiatives et de l’esprit d’entreprise,l’innovation par toutes les mesures appropriées d’incitation économique et non de dissuasion, voire de blocage économique comme c’est le cas aujourd’hui.

Ceci dit, ce nouvel Etat mis sur pied dans le cadre d’une monarchie parlementaire, qui incarne toutes les composantes de la société marocaine doit être résilient, plus efficace, plus simple, plus économe, plus transparent qu’aujourd’hui, en somme un ‘’Etat arbitre’’, comme l’exige la démocratie, et ce afin d’éviter l’écoulement du royaume. L’Etat en question doit mettre en place des observatoires locaux, régionaux et nationaux de la vie socioéconomique et culturelle sous ses différents aspects, et ses différentes manifestations ou expressions, afin d’être en mesure de suivre, d’orienter, de contrôler, d’organiser une société de plus en plus pluriculturelle, d’évaluer les effets des programmes et des politiques mises en œuvre, et de prendre les mesures appropriées structurelles à court, moyen et long terme, si elles s’avèrent nécessaires.

Si ces mesures n’aboutissent pas à des vraies réformes, du fait des difficultés et des obstacles rencontrés, d’un manque de volonté d’aboutir ou d’un enlisement quelconque, alors une autre approche pourrait être tentée qui s’appuiera sur une approche inclusive, participative et démocratique, c’est-à-dire sur une prise de conscience de l’opinion et sur une volonté collective à laquelle les élus, la société civile, entre autres,devraient être particulièrement sensibles.

Il conviendrait pour cela de favoriser l’expression de points de vue, d’idées et d’opinion sur l’opportunité, la nature et l’ampleur d’une réforme de l’Etat et sur son objet. De libres opinions pourraient être exprimées dans les mass medias, dans des revues spécialisées de sciences politiques, de droit administratif, de droit public, de droit constitutionnel, de sciences économiques, de droit social, et de sociologie…

Dans ce débat, l’ENA, les universités, les écoles supérieures de Management privées et publiques, les instituts scientifiques, les groupes parlementaires, les différentes composantes de la société pourraient prendre l’initiative de réunions, de meetings, de colloques, de conférences ; un nouveau conseil économique et social représentatif pourrait adopter des propositions et recommandations.

Dans l’expression de ces opinions, l’installation d’un centre d’études et de recherches réunissant, de manière pluridisciplinaire, des connaissances et des expériences, pourrait apporter un concours essentiel. Ainsi prendra corps une prise de conscience en faveur d’une réforme de l’Etat, sans que cela puisse nuire à la qualité des initiatives qui doivent être prises par les autorités compétentes et les services crées à cette fin.

Aussi l’aboutissement de la Réforme de l’Etat dépendra-t-il de la volonté, du réalisme, de l’esprit de décision des autorités compétentes. Alors il naitra au début de ce début du 21ièmesiècle un nouvel Etat qui sera mieux adapté par sa mission, son organisation, sa structure, son fonctionnement, et son personnel, à une société ouverte, moderne, concurrentielle, compétitive, interactive…

Notre prochain article sera consacré à la réforme de l’Administration.

Saïd CHATAR  

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