Le chef du gouvernement invoque “des raisons humanitaires”, tout en craignant que cette admission ne crée “un précédent”.
Le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed a annoncé que les 40 migrants africains et asiatiques bloqués depuis deux semaines au large du port de Zarzis (sud de la Tunisie) seront admis en territoire tunisien “pour des raisons humanitaires”.
Youssef Chahed s’exprimait samedi dans la soirée devant les députés à l’occasion d’une séance plénière consacrée au vote de confiance en faveur du nouveau ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati.
Le chef du Gouvernement était interpellé par plusieurs députés sur la situation “préoccupante” de ces migrants et des 14 membres de l’équipage du bateau tunisien “Sarost 5” qui les a secourus, alors que l’embarcation qui les amenait de Libye était tombée en panne dans une zone relevant de la souveraineté de Malte, selon Youssef Chahed.
“Les migrants bénéficient de soins médicaux et sont en bonne santé, mais pour des raisons humanitaires, nous allons leur permettre de débarquer et d’entrer en Tunisie”, a-t-il déclaré.
Il a, cependant, fait remarquer que les migrants “ne veulent pas entrer en Tunisie, mais plutôt aller en Europe. Ce faisant, ce ne sera pas facile de les rapatrier dans leurs pays d’origine”.
Selon des organisations humanitaires, parmi les 40 migrants à la dérive figurent huit femmes dont deux enceintes, neuf ressortissants du Bangladesh, des Camerounais, des Sénégalais, des Egyptiens.
Le chef du gouvernement tunisien n’a pas caché sa crainte que cette admission ne crée un précédent et soit considérée comme une acceptation de l’installation de centres d’accueil de migrants, une demande voulue par des pays européens, mais que “la Tunisie refuse”.
Les autorités maltaises tout comme l’Italie et la France ont refusé de les accueillir. Depuis deux semaines, le “Sarost 5” est en rade à quelques kilomètres du port de Zarzis attendant une autorisation des autorités tunisiennes pour y accoster.
Ces derniers jours, le capitaine du bateau Ali Hajji a lancé, à travers les médias, des alertes appelant les autorités tunisiennes à trouver une issue à cette situation problématique.
C’est le Croissant rouge tunisien (CRT) qui leur a apporté assistance alimentaire et médicale tout au long de cette période, selon son président Mongi Slim.
“Nous leur avons déjà préparé tout un étage dans le foyer pour migrants que nous gérons à Médenine (chef-lieu de la région)”, a-t-il déclaré à l’agence Anadolu.
Le foyer abrite actuellement plus de 200 migrants africains et quelque 46 réfugiés syriens, a-t-il précisé.