Jean-Pierre Chevènement veut donner «un coup de pouce à l’islam»

Pourquoi cette volonté de réformer l’islam ?
Structurer l’islam de France, l’idée n’est pas nouvelle. Contrairement aux autres cultes, l’islam n’est pas pourvu d’une organisation hiérarchique claire et incontestable. L’État manque donc d’un interlocuteur privilégié et tente depuis 30 ans, pour combler ce manque, de créer cette structure. Mais depuis le Corif (Conseil de réflexion sur l’islam de France) de Pierre Joxe jusqu’au CFCM (Conseil français du culte musulman) créé par Nicolas Sarkozy, aucune de ces instances n’a eu le succès escompté. Conscient de son manque de représentativité, le CFCM a d’ailleurs lancé en interne un groupe de réflexion pour se réformer. Les grandes lignes seront dévoilées en juin au gouvernement.
La principale difficulté de créer une instance représentative vient du fait qu’il existe, en France, une diversité de courants. Si la majorité des musulmans de l’hexagone sont sunnites – environ 90 % – les pratiques varient en fonction des pays d’origine (Maroc, Algérie, Tunisie…). « Au lieu de vouloir copier le catholicisme ou le judaïsme, il vaut mieux s’inspirer du protestantisme qui prend en compte différents courants », préconise l’islamologue, Rachid Benzine, chercheur associé au fonds Paul Ricoeur. D’autant, précise-t-il, qu’il n’y a pas, en France, une véritable volonté chez les fidèles de voir naître une telle institution.
Réduire l’influence des pays étrangers
Parmi les pistes de réflexion engagées par Emmanuel Macron : limiter l’influence des pays étrangers, qui passe notamment par la construction des mosquées. La loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État interdit aux autorités de construire des lieux de culte : si les musulmans veulent une mosquée, ce sont aux fidèles de la financer, notamment grâce aux dons. C’est ce qui pousse les responsables cultuels à se tourner vers les financements étrangers, notamment des pays du Golfe.
Or, les autorités craignent qu’à travers ces dons, les pays imposent une certaine vision de la religion, trop rigoriste à leurs yeux. « On peut contrôler la provenance de l’argent et la manière dont il est utilisé mais on ne peut pas interdire les dons étrangers à moins d’introduire des discriminations », note l’islamologue. Et de rappeler que la nouvelle cathédrale orthodoxe russe inaugurée à Paris a été entièrement financée par Moscou

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