En Belgique, le procès en assises d’un diacre accusé de multiples assassinats

Le procès d’Ivo Poppe, 61 ans, s’est ouvert devant la cour d’assises de Flandre occidentale.
Cet ancien infirmier, ordonné diacre en 1996 pour le diocèse de Flandre, a admis au premier jour de son procès à Bruges avoir provoqué la mort d’une vingtaine de personnes.

Marié et père de trois enfants, l’homme a officié pendant une trentaine d’années dans un hôpital de Menin, dans la région de Courtrai, tout près de la frontière française. Il y a d’abord été infirmier dans les années 1980 et 1990, puis a continué d’y intervenir comme visiteur pastoral jusqu’en 2011, après avoir été, en 1996, ordonné diacre à Wevelgem, dans l’ouest du pays.

Injection d’air dans les veines

L’affaire éclate fin 2013, quand Ivo Poppe consulte un psychiatre et lui explique qu’il souffre d’insomnies et ne supporte plus d’avoir, selon ses termes, abrégé « de bonne foi » les souffrances de patients en leur injectant de l’air dans les veines. Il parle alors d’une centaine de victimes. Un second psychiatre plus expérimenté, chez qui il est envoyé, dénonce les faits à la justice.

Incarcéré en mai 2014, l’homme admet, durant l’enquête, qui porte sur une liste d’au moins 50 décès suspects, avoir abrégé les souffrances de deux patientes et de quatre proches, dont sa propre mère et son beau-père, mais nie les « assassinats » reprochés.

Mgr Jozef De Kesel, à l’époque évêque de Bruges, se dit alors « bouleversé » par les soupçons de meurtre pesant sur le diacre de Wevelgem. Il promet « la pleine collaboration » des autorités catholiques.

La chambre des mises en accusation de Gand décide en janvier 2017 de renvoyer l’ancien diacre de Wevelgem devant les assises. Une procédure devenue exceptionnelle en Belgique et réservée aux cas les plus graves, puisque depuis la réforme de la cour d’assises décidée à la fin 2015, la plupart des affaires de meurtre sont traitées dans un tribunal correctionnel où la peine maximale est de trente ans.

« Combien de meurtres ce « diacre de la mort », comme le surnomment les médias belges, a-t-il sur la conscience ? Et quel est le profil psychiatrique de cet homme qui a longtemps travaillé comme infirmier ? La presse flamande évoque un homme au double visage : d’une part le « brave Ivo », toujours soucieux de faire le bien, d’autre part un homme avide de pouvoir, au point d’être en délicatesse avec le prêtre responsable de la paroisse où il est actif.

Au procès de Chambéry, les mystères de l’aide-Au premier jour de son procès,  l’accusé a donné publiquement une évaluation de son nombre de victimes. Il y a en a eu « entre dix et vingt, vingt au maximum. C’est approximatif (…) C’est de cet ordre de grandeur » (…) « Je voulais éliminer leurs souffrances, ces gens ne vivaient plus », a aussi dit Ivo Poppe.

L’accusé a également confirmé que ses patients n’avaient pas réclamé qu’on abrège leurs jours au préalable, puis a exprimé des regrets. « Aujourd’hui, je ferais appel à une équipe de soins palliatifs », a-t-il souligné.

Le procès, où près de 77 témoins sont attendus à la barre, doit durer deux semaines. Ivo Poppe, âgé aujourd’hui de 61 ans, encourt la réclusion à perpétuité.

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