Le centre pour illégaux de Bruges en Belgique

Depuis plusieurs semaine, les journalistes d’Akhbarona Aljalia #aljalianews sont présents dans les centres fermés pour écouter  les marocaines et les marocains; il nous a paru de notre devoir de faire part aux autorités, au monde politique et au public d’un certain nombre d’observations portant sur le fonctionnement des centres et la souffrance des personnes en situation d’attente d’expulsion.

Ce faisant, nous poursuivons un double but : informer les responsables et leur demander de prendre les mesures susceptibles de mettre fin à certaines situations qui nous paraissent inacceptables; et permettre aux citoyens de se forger une opinion à partir de ce que nous avons pu entendre dans des lieux dont l’accès n’est pas possible.

Le « centre pour illégaux de Bruges »

Le Centrum voor Illegalen Brugge occupe les locaux de l’ancienne prison pour femmes à Sint-Andries, à côté des bâtiments de la police fédérale et à proximité de la nouvelle prison. Il fonctionne comme « centre fermé pour étrangers » depuis janvier 1995. Le bâtiment, vétuste et carcéral, est entouré de hauts grillages surmontés de barbelés coupants.  Sa capacité est de 112 personnes : 72 hommes (répartis en deux groupes de détenus) et 40 femmes. La structure des locaux rend inévitable une vie en groupe constante : les détenus ne se déplacent qu’au sein de leur groupe, sous la conduite du personnel de sécurité habilité à ouvrir et fermer les portes. Les horaires sont fixes et obligatoires pour tous à l’exception des malades hébergés dans le service médical. Les détenus sont logés dans des dortoirs (4 pour les hommes, 2 pour les femmes) auxquels sont attenants toilettes (3 par dortoir) et lavabos (4 par dortoir). Il n’y a qu’un seul local de 20 douches, la douche est obligatoire à des moment déterminés. Repas à heure fixe, distincte pour chaque groupe ; le reste du temps est passé dans des salles de séjour équipées de billard, ping-pong, télévision, ordinateur (sans accès à Internet). L’accès aux dortoirs n’est pas autorisé pendant la journée. Les détenus ont un accès limité à une petite salle bibliothèque où ils peuvent trouver un peu de tranquillité. Salle de fitness à laquelle les hommes ont accès quatre fois par semaine, les femmes trois fois.

Un local est consacré aux divers cultes. La cour intérieure, entourée de barbelés, sert d’espace de délassement : la sortie y est obligatoire trois fois 40 minutes après les repas, plus longtemps par beau temps. Certaines activités de délassement sont organisées par des moniteurs ; les couloirs et les locaux du centre sont agrémentés de peintures murales, oeuvres de détenus. À quelques rares occasions, des activités festives communes aux trois groupes sont organisées. En dehors de ces moments, il y a séparation stricte entre les groupes.

Nous recevons des témoignages de détenus qui nous affirment que les brutalités n’ont pas cessé.  Certaines pratiques ne peuvent être acceptées en aucun cas et devront être modifiées pour donner plus de garanties aux personnes expulsées. Le moment de l’expulsion forcée d’un individu est une zone d’ombre, sans contrôle externe, où toutes les tensions accumulées se cristallisent, et, en cas d’abus des forces de l’ordre, les possibilités effectives de porter plainte et de voir une plainte aboutir sont minimes. Pourtant, à partir du moment où l’emploi de la coercition est autorisé elle doit être soumise à un contrôle externe extrêmement rigoureux, les éventuelles plaintes doivent être facilitées et suivies d’effet. Nous proposons que le Centre pour l’égalité des chances puisse jouer le rôle d’observateur indépendant en partenariat avec les ONG actives dans la protection des humains.

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