Le mystérieux phénomène de la «poussière noire» à Kenitra

Bouchaib El bazi

Le phénomène de la «poussière noire» est devenu une véritable source d’inquiétude pour les habitants de la ville de Kénitra. Une psychose s’est emparée de la population de la capitale du Gharb depuis un certain temps.

Le mystérieux phénomène de la «poussière noire» est apparu à Kénitra en 2014, lorsque les résidents de certains quartiers de la ville ont constaté une fine couche de poussière noire sur les bords des fenêtres et des terrasses, ainsi que sur le linge.

En effet, les résidents de certains quartiers de la ville ont constaté une fine couche de poussière noire sur les bords des fenêtres et des terrasses, ainsi que sur le linge, déplorent des Kénitréens dans des groupes animés par des activistes et militants écologistes sur les réseaux sociaux, en témoignent des images montrant un grand nuage de fumée sur l’ensemble de la ville, depuis quelques jours.

« Depuis un certain temps, le phénomène de la poussière noire émanant de la zone industrielle et, en particulier, de la centrale thermique, se propage au niveau de plusieurs quartiers de la ville. », précisent les conseillers dans une correspondance. Et d’ajouter : « Ce phénomène de la poussière noire, qui affecte la santé des citoyens habitant à proximité de la zone industrielle, perdure depuis des années et suscite une grande colère populaire ». Même son de cloche chez le Président de la ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme «  »Driss Sedraoui, « La poussière noire continue de s’abattre sur cette ville. Elle émane de l’ancienne station thermique, d’où se dégage chaque jour un grand nuage noir», affirme- t- il.

«Ce n’est pas la première fois que cette fumée noire se dégage des cheminées de la centrale thermique. Ce problème qui présente un danger pour la santé des gens, est posé depuis plusieurs années. Les habitants de Kénitra ramassent chaque matin -par centaines de grammes-, de la poussière noire sur leurs terrasses », nous affirme l’associatif dans un entretien téléphonique « toutefois, pour l’heure aucune information ne filtre sur ce dossier, lequel, rappelons-le, a déjà fait l’objet d’une enquête en 2014, en coordination avec les acteurs locaux ». Et de poursuivre : « La santé des Kénitréens étant grandement menacée, il est donc demandé aux autorités concernées de prendre les mesures nécessaires pour trouver une solution définitive à ce phénomène ».

«Poussière noire» et «miasmes» font désormais partie du quotidien des Kénitris qui dénoncent depuis 10 ans une fumée noire qui s’abat sur la ville le soir. Les autorités pointent du doigt la centrale thermique, mais assurent que l’air serait «bon» à Kenitra. Témoignages.


Face à cette «énigme environnementale», la société civile locale a pris le relais et a tiré la sonnette d’alarme. Elle s’est mobilisée, à travers l’organisation de plusieurs actions de sensibilisation, pour inviter la population à la prudence et à la vigilance. L’Association «Al Gharb pour la préservation de l’environnement» s’est déjà adressée aux pouvoirs publics en leur demandant d’intervenir d’urgence afin de rechercher l’origine de cette pollution et, surtout, d’y mettre fin. L’instance locale de suivi de la chose publique de Kénitra a, de son côté, organisé un sit-in pour attirer l’attention des responsables sur ce qu’elle considère comme une menace qui pèse sur la santé des citoyens.
Acteur associatif et militant environnemental, Mustapha Zeraouli est catégorique. Il pointe du doigt la centrale thermique dont les cheminées rejettent de la fumée noire qui résulte de la combustion du fuel industriel. «Notre requête est d’ordonner l’arrêt immédiat de cette centrale et de la remplacer par la centrale turbines à gaz opérationnelle depuis 2012», indique-t-il.
Il est à souligner que la question de la protection de l’environnement a été au centre des débats lors d’une journée d’étude organisée par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), à laquelle ont pris part des universitaires, des représentants de la société civile et de la presse locale. Plusieurs intervenants n’ont pas manqué de rappeler que la qualité environnementale de Kénitra s’est nettement dégradée et ont tenu à connaître le degré de responsabilité de l’ONEE dans cette «affaire» connue sous l’appellation de «poussière noire».
La question qui se pose avec acuité actuellement est la suivante : s’agit-il d’un phénomène anormal, d’un sujet amplifié par la rumeur ou par le manque d’informations ? Selon un rapport rendu public l’année dernière , du Comité permanent de suivi et de surveillance de la qualité de l’air (Comité Air), chapeauté par la province de Kénitra, une campagne de contrôle a été effectuée, du 5 au 8 juin 2017, et a concerné 16 unités industrielles et artisanales (fours, hammams…). L’objectif était de vérifier le respect des recommandations déjà émises par le comité lors de ses multiples visites.
Selon le rapport, la majorité des unités visitées ont pu satisfaire, partiellement, les recommandations dudit comité. L’article 4 de la loi n° 13-03 relative à la lutte contre la pollution de l’air est tout à fait clair : «Il est interdit de dégager, d’émettre ou de rejeter, de permettre le dégagement, l’émission ou le rejet dans l’air de polluants, tels que les gaz toxiques ou corrosifs, les fumées, les vapeurs, la chaleur, les poussières, les odeurs au-delà de la quantité ou de la concentration autorisées par les normes fixées par voie réglementaire». Le rappel et le respect de cet article sont d’une importance capitale.

 

اترك رد

%d مدونون معجبون بهذه: