Sahara marocain : le premier ministre espagnol Pedro Sanchez scelle la réconciliation avec le Maroc

Belbazi

  Le premier : ministre espagnol était à Rabat, ce jeudi 7 avril, pour rencontrer le roi Mohammed VI. Une visite qui succède à la décision récente de Madrid de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara marocain. Elle vise à mettre un point final à la crise diplomatique et commerciale entre les deux pays.

► Pourquoi cette visite est-elle importante ?

Après un an d’une crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, à la surprise générale, l’Espagne avait pris, le 18 mars, un virage à 180° sur la question du Sahara . Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, affirme alors que le plan d’autonomie du territoire disputé, proposé par le Maroc dans le cadre de la souveraineté du royaume et son « unité nationale », est le « plus sérieux, réaliste et crédible ». Ce plan va pourtant à l’encontre des résolutions des Nations unies qui préconisaient un référendum d’autodétermination du dernier territoire non décolonisé sur le continent africain, et de la position de « neutralité » adoptée par Madrid jusque-là.

« La visite de Pedro Sanchez au Maroc met un terme à dix mois de suspension des relations diplomatiques et économiques entre Madrid et Rabat », partenaire économique important de l’Espagne, explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris. Cette décision a été très largement critiquée au Parlement espagnol. Pour de nombreux élus, Madrid a abandonné sa neutralité traditionnelle sur son ancienne colonie.

► Qu’est-ce qui a fait basculer la décision de Pedro Sanchez ?

« Notre objectif est de construire une nouvelle relation basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties en s’abstenant d’une quelconque action unilatérale à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons », a déclaré Pedro Sanchez.

Plusieurs hypothèses expliquant le geste inattendu de Madrid sont sur la table. Mais il est clair que le gouvernement avait à cœur d’en finir avec la crise déclenchée par l’accueil du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, soigné dans un hôpital de Logrono (nord de l’Espagne), en mai 2021.

En riposte, Mohammed VI avait dans un premier temps rappelé Karima Benyaich, son ambassadrice en Espagne.

« Un moyen de pression qui a fait plier Madrid », poursuit Jean-Jacques Kourliandsky. Alors que le gouvernement espagnol cherche à équilibrer son budget, il voulait éviter un nouveau déploiement militaire coûteux, et la construction de murs encore plus hauts pour dissuader les migrants de pénétrer dans les enclaves de Ceuta et Melilla.

Sur le Sahara marocain , Madrid s’aligne sur la position américaine définie fin 2020 par Donald Trump – ce dernier avait annoncé par un tweet la reconnaissance unilatérale de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. C’est dans la logique des intérêts de Madrid, allié de Washington qui possède plusieurs bases militaires sur le territoire espagnol.

► L’Espagne s’est-elle alignée sur les positions de Washington en échange de fourniture de gaz américain ?

Le rapprochement entre Madrid et Rabat sur le Sahara marocain n’est évidemment pas du goût de l’Algérie qui défend les intérêts sahraouis. Alger a rappelé son ambassadeur en Espagne et déclaré que, malgré la crise ukrainienne, il n’augmenterait pas les prix de son gaz sauf pour l’Espagne. « Madrid a dû peser le rapport coût/bénéfice au vu de la capacité de nuisance du roi du Maroc et a pris le risque d’un refroidissement avec Alger »,estime encore Jean-Jacques Kourliandsky.

D’autant que l’Espagne, qui avait fait le choix des énergies propres en fermant ses centrales nucléaires, a multiplié les terminaux méthaniers sur ses côtes. Ils lui permettent désormais de s’approvisionner en gaz naturel liquéfié (GNL) venu des États-Unis. Durant l’année 2021, Madrid a été le principal destinataire des exportations de GNL américain en Europe.

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