Nouveau coup de pression politique sur l’Exécutif des musulmans

Fanny Declercq

Le ministre de la Justice n’a pas fait droit à la demande de subsides du culte islamique. L’Exécutif des musulmans assure qu’un renouvellement est en bonne voie, tandis que la justice doit se prononcer avant la fin de l’année sur les accusations de mauvaise gestion.

Moins de deux jours après la tenue d’une conférence interministérielle consacrée au fonctionnement de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), a annoncé ce jeudi en séance plénière que le gouvernement n’octroiera pas de subside l’année prochaine à l’instance représentative du culte islamique et de la communauté des musulmans. Les « circonstances actuelles » justifieraient le refus de la demande de 639.000 euros, introduite récemment par l’EMB.

Les relations entre le culte musulman et le ministre fédéral ne sont pas au beau fixe, c’est le moins que l’on puisse dire. Ce dernier a pointé du doigt cinq membres de l’Exécutif y faisant « la pluie et le beau temps ». Le ministre a à nouveau martelé que le fonctionnement de l’EMB posait « de sérieux problèmes » : ingérence étrangère, gestion contestée, accaparement de la décision par quelques membres, etc.

L’EMB est mis sous pression par le ministre de la Justice sur la nécessité d’œuvrer au plus vite à un renouvellement de l’Exécutif, alors que des élections auraient dû avoir lieu en 2020. Une commission de renouvellement de l’Exécutif est chargée de procéder à des auditions ce mois-ci, avec l’objectif d’envoyer au ministre début janvier un projet de renouvellement. Les élections devraient ensuite se tenir au plus tard en février 2022, assure-t-on. Des explications que Van Quickenborne n’ignore pas, puisqu’elles lui ont été déjà fournies dans un courrier daté du 22 octobre par l’EMB.

De nouveaux conflits

L’existence-même de cette commission est sujette à de nouveaux conflits. Toujours ce mardi, trois membres de l’EMB ont dénoncé auprès du ministre de la Justice sa composition, qui inclut des personnes « qui ne sont pas membres de l’Exécutif, et qui ne donnent aucune garantie, bien au contraire, d’indépendance ». Ils ont par ailleurs sollicité le tribunal de l’entreprise de Bruxelles afin qu’il désigne un administrateur provisoire en raison « de nombreuses fautes dans l’exercice du mandat » des administrateurs de l’Exécutif. Des accusations de contrôle et d’abus de pouvoir, ainsi que des irrégularités contestées par le président, Mehmet Üstün.

De son côté, le cabinet du ministre a eu connaissance dès octobre 2019 des modifications statutaires et du rapport financier, sans formuler de remarques. En octobre 2021, le ministre a lui-même expliqué en commission justice « ne pas avoir connaissance de détournement de fonds », les comptes annuels de l’Exécutif étant « contrôlés strictement » par un auditeur externe, son administration et la Cour des comptes. La justice devrait se prononcer au plus tard pour début janvier 2022.

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