Pas moins de 76 % des Algériens reconnaissent que leur pays est dirigé par « une dictature »

La rédaction

Le Hirak est devenu un mouvement minoritaire, l’opposition est soutenue par l’étranger et n’a aucun enracinement dans le pays ni aucune légitimité populaire, la société algérienne est unie derrière ses dirigeants, ces affirmations ont été longtemps colportées par la propagande du régime algérien depuis 2020 et tout au long de l’année 2021 lorsqu’il réprimait massivement les activistes et militants pacifiques qui menaient la contestation populaire réclamant un véritable changement démocratique. Il s’avère qu’une étude internationale très savante a été réalisée pour confirmer ou infirmer les assertions du régime algérien. Et les conclusions sont appel : la majorité des algériennes et des algériens confirment que leur pays est dirigé par une dictature.

Ils sont effectivement 76 % des Algériens à reconnaître que leur pays est gouverné par un régime dictatorial, nous apprend ainsi une enquête d’opinion qui a été établie par des experts internationaux lors d’une vaste enquête d’opinion menée auprès de la population algérienne en 2019. Cette enquête qui prospecte minutieusement les préoccupations et angoisses des Algériennes et Algériens a été réalisée par Arab Barometer, un organisme indépendant partenaire de l’Université de Princeton aux États-Unis, qui interroge régulièrement plus de 25 000 habitants dans 7 pays – le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Liban, la Jordanie et l’Irak, pour sonder l’opinion des pays arabes sur divers évènements de l’actualité régionale ou internationale.

Il s’agit d’explorer l’attitude des opinions arabes à propos de plusieurs thématiques politiques, économiques ou sociales alimentant fortement l’actualité régionale. Cet organisme mène des enquêtes d’opinion publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord depuis 2006. Il est réputé pour être un réseau de recherche non partisan qui donne un aperçu des attitudes et des valeurs sociales, politiques et économiques des citoyens ordinaires à travers le monde arabe.

Arab Barometer est piloté essentiellement par des chercheurs affiliés au Centre d’études stratégiques de l’Université de Jordanie à Amman, le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes à Ramallah, le Social and Economic Survey Research Institute de l’Université du Qatar à Doha et One to One for Research and Polling à Tunis. De plus, deux des chercheurs principaux du projet, Amaney Jamal de l’Université de Princeton et Mark Tessler de l’Université du Michigan, sont membres du comité directeur. Les opérations quotidiennes sont gérées par le directeur de projet Michael Robbins et une équipe de spécialistes basée aux États-Unis.

Dans ce rapport consacré à l’Algérie qui se base sur des enquêtes d’opinion menées en 2019 auprès de vastes échantillons à travers le pays, nous apprenons que seulement 24 % des Algériens estiment que leur pays ressemble à une démocratie. Et pas moins de 76 % des Algériens qui affirment que leur pays est une dictature.

Les avis des algériens divergent selon leur lieu de résidence et les régions dont ils sont originaires. Ainsi à Alger et ses environs, ils sont pas moins de 39 % à estimer que leur pays fonctionne comme une démocratie. En revanche, dans les wilayas de l’ouest du pays, ils sont uniquement 26 % des sondés qui qualifient leur pays d’une démocratie. A l’est du pays, ce taux ou pourcentage est encore plus faible et dérisoire car à peine 13 % des algériens issus de cette région estiment que leur pays fonctionne comme une démocratie.

Il est à noter, par ailleurs, que la majorité écrasante des jeunes algériens qualifient le régime qui dirige le pays de « dictature ». Et pour cause, seulement 17 % des jeunes âgés entre 18 et 29 ans qualifient leur pays de démocratie. Ils sont donc plus de 73 % de ces jeunes algériens à confirmer que leur pays est une dictature.

Le désir de vivre dans une démocratie marquée par l’alternance au pouvoir et des institutions indépendantes est donc largement répandu au sein de la société algérienne. Les revendications politiques autour du changement démocratique ne sont pas l’émanation d’entités politiques manipulées depuis l’étranger comme le répète régulièrement le régime algérien à travers ses diverses chapelles. Une majorité des algériens veulent vivre dans une démocratie. N’en déplaise aux dirigeants actuels du pouvoir algérien.

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