Algérie, les vraies raisons de l’éviction du général Kaidi

La rédaction

Akhbarona Aljalia a pu confirmer une nouvelle fois au cours de ses investigations que le limogeage et le remplacement du général-major Mohamed Kaidi, officiellement acté et annoncé par le ministère de la Défense Nationale le mercredi 10 novembre dernier, s’explique d’abord et avant-tout par ses positions favorables à l’Occident et pacifistes envers le Maroc, le voisin considéré comme ennemi par le régime algérien.

C’est, effectivement, le discours et les propos tenus par le général-major Mohamed Kaidi lors de la dernière réunion des chefs d’état-major des pays membres de l’Initiative 5+5, organisée le 27 octobre dernier au niveau de la capitale mauritanienne Nouakchott par visioconférence, qui ont précipité sa chute brutale et inattendue. Et pourtant, le général-major Mohamed Kaidi, était longtemps considéré comme l’un des visages prometteurs et modernistes de l’institution militaire algérienne. Lors de cette réunion, Mohamed Kaidi s’était prononcé en présence de plusieurs hauts gradés militaires européens sur l’évaluation de la situation sécuritaire et pandémique prévalant en Méditerranée Occidentale.

Dans ses interventions, le général-major Mohamed Kaidi a clairement affiché une volonté manifeste de renforcer le rapprochement militaire et sécuritaire de l’Algérie avec des puissances européennes et occidentales. En plus, le général algérien a laissé entendre lors de cette rencontre présidée par le chef d’état-major général des Armées mauritaniennes, le général d’armée Mohamed Bamba Meguett, que l’Algérie ne déclenchera aucune action militaire hostile contre le voisin marocain. En tant que chef du Département emploi-préparation de l’état-major de l’Armée nationale populaire, et en sa qualité de représentant de Monsieur le général de corps d’armée Chanegriha Saïd, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, Mohamed Kaidi avait insisté lors de cette réunion sur l’importance d’une « politique extérieure de bon voisinage » balayant ainsi d’un revers de main les attaques très musclées et le langage guerrier du pouvoir algérien contre le Maroc et d’autres puissances européennes comme la France.

Dans son intervention, le général-major Mohamed Kaidi a exprimé un point de vue radicalement différent et éloigné du dogme actuel du régime algérien qui privilégie la confrontation et l’hostilité permanente avec des pays comme le Maroc ou, de manière beaucoup moins intense mais toute aussi insidieuse, la France. Dans ses échanges avec ses interlocuteurs militaires étrangers, Mohamed Kaidi avait mis en exergue  « la nécessité de conjuguer et d’intensifier les efforts, dans un esprit de coopération sécuritaire multilatérale, empreint de réalisme et de franchise entre les pays membres de l’Initiative, en vue de faire face, de manière responsable, aux différents défis menaçant notre espace géographique ».

Franchise, coopération, bon voisinage, réalisme, etc., les notions employées par Mohamed Kaidi s’opposent catégoriquement au discours dominant des actuels décideurs militaires et civils du régime algérien qui privilégient en permanence la stratégie de la tension avec les adversaires géopolitiques du pays.

Selon nos sources, le général-major Mohamed Kaidi était réellement sincère dans sa démarche et assumait totalement ses prises de position. Il s’était concrètement engagé en faveur d’une nouvelle vision moderniste cherchant à rapprocher l’Algérie de l’Occident pour permettre une nouvelle coopération qui lui offrirait de nouvelles opportunités d’ouverture sur le monde développé.

Pour Mohamed Kaid, la priorité pour l’Algérie est de « l’effort international et régional de lutte contre la menace terroriste et le crime organisé transfrontalier ». Le haut gradé a rompu avec la ligne directrice de l’actuel haut-commandement militaire de l’ANP et voulait clairement montrer aux partenaires étrangers et aux voisins du pays que des courants réformistes existent bel et bien au sein de l’institution militaire algérienne.

Cette posture a suscité une véritable panique au sein de l’Etat-Major de l’ANP. La tête de Mohamed Kaidi a été mise à prix et Said Chengriha ne pouvait plus se permettre le luxe de le maintenir dans ses fonctions. C’est pour cette raison que la décision de son limogeage a été brutalement et rapidement prise. Il a été remplacé par le général-major Hasnat Belkacem, dans les fonctions de Chef du Département Emploi-Préparation par intérim. Jusqu’à aujourd’hui, cette décision continue de susciter une véritable controverse au coeur de l’Armée algérienne.

Le général-major Mohamed Kaidi était le porte-parole attiré de l’Etat-Major de l’ANP sur la scène internationale. C’est lui qui assurait les échanges avec la coopération régionale du Collège de défense de l’OTAN, le Comité technique spécialisé sur la Défense, la Sûreté et la Sécurité de l’Union Africaine (UA) ou encore les réunions des chefs d’état-major des pays membres de l’Initiative 5+5.

Cette initiative lie, depuis 2004, dans son volet « défense », les cinq Etats de la rive nord de la Méditerranée occidentale (Espagne, France, Italie, Male, Portugal) et ceux de la rive sud (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie). Le « 5+5 Défense » constitue l’enceinte la plus active en matière de coopération multilatérale de sécurité et de défense en Méditerranée orientale

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