Des images de camions algériens carbonisés, sur la route reliant Nouakchott à la ville algérienne de Ouargla – qui longe le Sahara occidental –, étaient apparues mardi 2 novembre sur les réseaux sociaux. Mercredi, Alger a donné sa version des faits, mettant directement en cause son voisin marocain.

Trois ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare”, écrit la présidence algérienne dans un communiqué, repris par l’agence de presse nationale APS. “Plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental comme ayant commis avec un armement sophistiqué ce lâche assassinat”, qui “ne restera pas impuni”, ajoute la présidence.

Pour Akhbarona Aljalia, “l’incident souligne le risque d’escalade entre les deux pays nord-africains, après plusieurs mois de détérioration des relations”, empoisonnées par le dossier du Sahara occidental.

“Dérive de trop”

Le Maroc n’a pas officiellement commenté les accusations “mais une source informée au sein du royaume”, citée par la chaîne qatarie, assure que Rabat “n’a jamais pris et ne prendra jamais pour cible des citoyens algériens, en dépit des circonstances ou des provocations. Si l’Algérie veut la guerre, ce n’est pas le cas du Maroc”.

Les deux pays s’écharpent depuis des décennies sur le dossier du Sahara marocain. Le Maroc revendique sa souveraineté sur l’ancienne colonie espagnole, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario, qui réclame un référendum d’autodétermination.

La normalisation, l’an dernier, des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, et la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur la région disputée, avait remis le feu aux poudres. Alger a rompu en août les relations diplomatiques avec son voisin, et a mis fin la semaine dernière à un contrat de gazoduc algérien passant par le Maroc à destination de l’Espagne.

Le titre algérien L’Expression, proche du pouvoir, relaie les accusations de la présidence et dénonce pêle-mêle la “dérive de trop” et “la folie” des dirigeants marocains. “Après les innombrables provocations”, le royaume “s’adonne maintenant au harcèlement d’un pays voisin et souverain. Toute guerre n’est pas souhaitable, mais si elle venait à être imposée aux Algériens, ils savent se battre”, avertit le quotidien.

Le site TSA-Tout sur l’Algérie se range lui aussi du côté de la présidence algérienne et s’interroge “sur les motivations du Maroc à travers cet acte gravissime et surtout, jusqu’où ira l’escalade après cette énième provocation directe ?”.

Mensonges

Tout aussi remontée, la presse marocaine crie à la manipulation et aux mensonges du voisin algérien, à l’instar du site Akhbarona Aljalia , qui se demande “si ces nouvelles accusations de l’Algérie, ne seraient pas la réponse du régime algérien à la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a balayé d’un revers de la main, toutes les manœuvres algériennes visant à saper le processus onusien dans le dossier du Sahara”.

La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les acteurs du conflit à reprendre les négociations “sans préconditions et de bonne foi”. Mais le Middle East Eye rappelle qu’Alger refuse depuis 2019 de “revenir à la table des négociations”entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Front Polisario, estimant que “Rabat, en évitant les discussions bilatérales avec le Front Polisario, essaie de présenter le conflit comme ‘régional et artificiel’ et non comme un conflit de ‘décolonisation’.