TÉMOIGNAGE. Inondations en Belgique : « On se serait cru dans le Titanic »

La rédaction

Des pluies torrentielles ont fait sortir plusieurs rivières de leur lit, ce mercredi 14 juillet, entraînant des inondations en Belgique et en Allemagne. Alors que ses parents sont toujours coincés dans leur maison à Ensival, dans le sud-est de la Belgique, Olivia raconte le calvaire qu’elle vit dans l’attente de retrouver ses proches.
Villes évacuées, torrents dans les rues, voitures emportées, les dégâts causés par les crues en Belgique ne cessent de s’accroître. Parmi les rues devenues rivières, les personnes sinistrées se retranchent aux plus hauts étages de leur domicile, parfois sans rien à manger et espérant l’arrivée des secours. Âgée de 25 ans, Olivia n’a jamais connu d’autre résidence que la maison cossue, au-dessus de la boulangerie familiale que tiennent ses parents à Ensival, dans le sud-est du pays.

« Notre boulangerie a commencé à se remplir d’eau hier », relate-t-elle retranchée à l’abri. Si la jeune belge a quitté les lieux mercredi soir, ses parents ont décidé de rester sur place afin de garantir une bonne évacuation de l’eau dont le niveau n’excédait alors pas plus d’un mètre de hauteur.

Même si la Vesdre est située juste derrière l’atelier où le père d’Olivia prépare chaque jour pains et pâtisseries en tous genres, c’est par les égouts que l’eau s’est d’abord frayé un chemin. « Au départ, c’est arrivé par toutes les évacuations reliées aux égouts, on voyait des rats essayer de fuir. Le rez-de-chaussée s’est rempli rapidement. »

Rapidement, la famille a perdu espoir de limiter les dégâts dans son commerce mais c’était sans compter sur l’annonce des autorités locales survenue dans la soirée du 14 juillet. « Étant donné la crue exceptionnelle que rencontre la Vesdre, le barrage d’Eupen ne sera pas en mesure de diminuer l’impact de celle-ci dans les heures à venir », a alors prévenu le Gouverneur de la Province de Liège mercredi soir.

Retranchés au deuxième étage

Les petites inondations deviennent alors de véritables crues. La rivière s’échappe de son lit. « L’eau a continué de tout remplir, notre atelier, notre magasin, mais ça chassait comme une rivière. » La jeune femme a alors décidé de quitter les lieux, sans réussir à convaincre sa famille de la suivre. Son père et sa mère préfèrent rester pour s’assurer d’une bonne évacuation de l’eau. Mais au fil de la nuit, l’eau gagne du terrain.

« C’est devenu encore pire », s’inquiète Olivia alors qu’elle a enchaîné les appels avec ses parents toute la journée, ce 15 juillet. « Ce matin ils se sont réveillés et le premier étage était atteint », s’émeut encore la Belge. « Ma mère m’a clairement dit « Cette nuit je me serai crue dans le Titanic ». »

Retranchés au deuxième étage, le couple de commerçants bien connu de la région attend désormais l’arrivée de secours, sans rien à boire ni à manger. C’est derrière la fenêtre de la chambre d’Olivia qu’ils ont attendu et attendent encore les secours. Des unités d’intervention sont passées plusieurs fois devant chez eux, « mais le problème est qu’il y a trop d’eau et trop de courant, c’est trop dangereux pour pouvoir les secourir pour le moment », s’inquiète leur fille.

Le désespoir puis la résignation

La maison où Olivia a vécu toute sa vie a près de 300 ans. Les planchers en bois du premier étage sur lesquels elle a couru lorsqu’elle était petite menacent désormais de céder. « Si ça prend l’eau, ça pourrit et ça risque de s’écrouler avec le poids des meubles. J’ai dit à mes parents de ne pas retourner au premier étage car ils risquent tout simplement de traverser le plancher », désespère la jeune femme.

Piégée comme dans un cauchemar dont on ne parvient pas à se réveiller, elle regrette que sa famille ne se soit pas inquiétée plus rapidement de la situation. « Nous n’étions pas très inquiets. À chaque fois qu’il y a des inondations quelque part, je demande à mon père s’il n’y a aucun risque pour la Vesdre. Il m’a toujours répondu que c’était impossible qu’elle sorte de son lit, qu’en 30 ans, il ne l’avait jamais vue déborder. On ne pensait pas vivre ça et hier on n’a rien su faire. »

Après plus d’un an à se confiner puis se déconfiner en raison de l’épidémie de Covid-19, Olivia pensait avoir connu le pire. Mais elle était bien loin d’imaginer le chaos qu’elle vit en ce moment, mêlant stress et incertitudes. « Au départ on pensait que seule la boulangerie serait impactée donc on se disait que ça mettrait toutes les années de travail de mes parents à la poubelle. Et puis là, en fin compte, c’est toute notre vie, tous nos souvenirs qui sont foutus. »

Accrochée à son téléphone, elle espère au moins pouvoir serrer à nouveau son père et sa mère dans ses bras rapidement. Elle redoute toutefois de l’état psychologique dans lequel elle les retrouvera, après avoir perdu l’essentiel de leur vie, parti à l’eau. D’après les services de prévision météorologiques belges, la pluie devrait cesser de tomber ce jeudi soir.

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