Le nouveau confinement décidé par le gouvernement sonne la fin des activités pour plusieurs secteurs, dont les métiers de contact. Les coiffeurs doivent fermer. Dès ce vendredi.
«On en a un peu marre que l’on joue au yoyo avec nous.» Quand, il y a quelques semaines, Stéphanie Charue a ouvert son nouveau salon de coiffure à Belgrade (Namur), elle était confiante. Le gouvernement venait de permettre la reprise du travail pour les métiers de contact en promettant bien que l’on rouvrait pour de bon. Pas question de refermer. Un gros mois après, c’est la désillusion: le gouvernement décrète un nouveau confinement et la fermeture des métiers de contact, dont les salons de coiffure. Dès ce vendredi.
Notre reportage dans le salon de Stéphanie dans notre vidéo en tête de cet article.
Travailler jusque 22 h
«Les clients se tracassent», poursuit la jeune femme. Entre deux coupes, elle passe son temps au téléphone pour recaser les rendez-vous qui peuvent l’être sur les deux jours de travail qui lui restent cette semaine. «Je vais travailler jusque 22 h jeudi et vendredi, pas le choix.»
La crainte principale, c’est aussi celle de ne pas être certaine de pouvoir rouvrir dans quatre semaines. L’incertitude pèse de plus en plus. «On est complètement perdus».
Stéphanie se pose de nombreuses questions: «Pourquoi nous? Je prends une cliente à la fois, j’ai mon masque, je désinfecte tout après, pourquoi nous fermer? Mais bon, on n’a pas le choix.»
À l’autre bout de la ville, Rodolphe est installé depuis de très nombreuses années dans son salon de Jambes.«Regarde mon client ici, quand il est arrivé, il avait la tête comme un chou-fleur. Je n’ai pas fini de rattraper les retards du deuxième confinement que je dois déjà refermer.»
Le bonhomme ne manque pas d’humour, ni de verve. «Moi, ce qui m’énerve, c’est que l’on ne me laisse pas terminer ma semaine. Pourquoi fermer vendredi soir et pas samedi soir?»
L’argument massue, il nous le sort le sourire cynique en coin: «Ils n’ont pas assez de lits dans les hôpitaux, mais depuis un an, qu’ont-ils investi dans le domaine de la santé?» La solution est toute trouvée: «Moi je veux bien être le 10e ministre de la santé, je serai le ministre des lits.»
Pas de coupe, même à 100€
Pour ce qui est des rendez-vous, l’agenda de Rodolphe est rempli, à ras bord. Mais il ne passera pas son temps à annuler ceux fixés ces prochaines semaines: «Les clients sont dans le mouvement, ils savent que l’on ferme. Pas besoin de les prévenir.»
Et si vraiment on a besoin d’une petite coupe en douce? «Lors du précédent confinement, j’ai refusé des coupes à 100€. On me dit de fermer, je ferme. À quoi ça rime de continuer à couper les cheveux? Si je fais 10 clients par jour, au bout de 10 jours, je suis allé chez 100 personnes. Pour la santé de tous, je ne le fais pas.»
Six mois sur un an
Financièrement, la situation devient compliquée, même avec les aides passerelles. Resté six mois fermé sur un an, Rodolphe commence à se poser des questions. «La vie continue et là je dois tailler dans mon épargne.»
Il conclut dans un dernier trait d’humour: «Je vais fabriquer des lits pour les hôpitaux. Et déménager ceux des hôpitaux militaires qui sont vides.»