Par ces temps de pandémie, on a vraiment l’impression que certains responsables publics marchent sur la tête !
Ainsi en est-il du Président du Conseil municipal de Casablanca, M. Abdelaziz El Omari, qui vient d’annoncer sa démission du Secrétariat général du PJD au motif de la normalisation des relations entre le Royaume et Israël, une position pourtant avalisée par le secrétaire général du Parti de la Lampe et chef du gouvernement, M. Saad Eddine El Otmani.
Cette attitude ne regarde que lui et ses frères, mais prouve, au passage, que la zizanie affecte profondément les rangs de cette formation à quelques mois d’échéances électorales très importantes.
Mais, en vérité, les citoyens et notamment ceux de Casablanca, attendaient de cet élu une autre attitude, responsable et digne, qui lui aurait commandé de démissionner de son poste de président du Conseil de la Ville en raison des graves dysfonctionnements et des dégâts énormes qui ont affecté la grande métropole économique lors des fortes intempéries des semaines passées.
Que nenni !
M. El Omari, sans pudeur, a pris soin d’incriminer le délégataire Lydec, feignant d’ignorer qu’il présidait l’autorité délégante et qu’à ce titre, il était tout aussi concerné et responsable de ce qui s’était passé.
M. El Omari, très visiblement, doit considérer que le principe de la reddition des comptes ne le concerne nullement et que son mandat n’est ni susceptible de contrôle, ni de critiques !
Et de là à penser qu’il aura l’outrecuidance de briguer un nouveau mandat, dans quelques mois, il n’y a qu’un pas…
On croira cependant qu’à ce moment-là, les Casablancais n’auront pas oublié son attitude.
Cependant, force est de reconnaître que la « démarche » de ce haut responsable, ce « primes inter pares » des édiles de Casablanca, n’est pas singulière, unique ou originale, bien malheureusement.
En effet et encore une fois, force est de dénoncer ici l’indigence, les contradictions et parfois l’absence de communication de ceux qui ont la charge d’informer l’opinion publique sur les principaux sujets de l’heure.
Ainsi, lorsqu’on veut connaître le point de vue du chef du gouvernement sur une question sensible, telle la pandémie, ses effets, ou encore les raisons des retards de livraison du vaccin anti-Covid-19, il faut s’en remettre à une séance de questions orales au Parlement, chambre des Représentants ou des Conseillers.
En ce sens, on comprend parfaitement le rôle et l’importance de la fonction tribunitielle du Pouvoir législatif, mais, pour nécessaire et utile qu’elle est, elle demeure largement insuffisante en regard des attentes des citoyens.
Notre pays souffre d’un mal profond, celui du manque de volonté communicante, ce qui laisse la place aux rumeurs et aux fake news qu’alimentent les réseaux sociaux.
A l’opposé, dans des pays voisins, outre Méditerranée certes, les chefs de gouvernements, les ministres de la Santé, etc., sont quotidiennement « sur le pont » pour informer et prévenir leurs opinions publiques respectives, une culture de la reddition des comptes permanente que l’on ignore totalement chez nous.
L’exemple des retards qui interviennent dans le lancement de la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19 est, sans nul doute, le plus édifiant à cet égard.
Pas ou peu de visibilité sur cette question, pas de ligne directrice, pas d’explication sur les raisons de ces retards alors qu’en Europe, chacun sait que les laboratoires n’arrivent pas à tenir les cadences de production et de livraison, tandis que certains grands pays développés ont trusté trop de commandes et que des pays producteurs comme l’Inde ont réservé les lots de vaccins à leur population, au mépris des engagements pris et des contrats signés.
Chez nous, avec atavisme, sinon fatalisme, on se contente de gagner du temps, jusqu’à la semaine suivante !
Les canaux de communication officiels ne sont pas utilisés pour mener ces campagnes d’information pourtant nécessaires et la presse, écrite ou électronique, en est réduite à « cuisiner » les experts et autres spécialistes, dont la compétence et la bonne foi sont, certes, évidentes, mais qui n’expriment en réalité que des points de vue personnels et non officiels.
Il serait peut-être grand temps que les responsables publics, les forces politiques, le gouvernement changent d’attitude et de ligne de conduite, afin d’être à la hauteur des devoirs qui leur incombent, mais ne soyons pas naïfs, car en vérité, ils ne veulent, ni ne peuvent agir pour la satisfaction des attentes citoyennes !