Première mondiale: comment le Maroc s’apprête à vacciner toute sa population
Majdi Fatima Zahra
Le royaume chérifien est le premier pays au monde à lancer une campagne nationale.
C’est toute une histoire que nous sommes en train de vivre avec la Covid-19 ! La bataille est loin d’être gagnée, mais des lueurs d’espoir commencent à se dessiner à l’horizon. Le Maroc, comme plusieurs pays du monde, s’est engagé dans les essais cliniques et se prépare aujourd’hui à lancer une campagne de vaccination massive pour immuniser sa population contre ce mal. Entre ceux qui attendent avec impatience ce vaccin et ceux qui doutent de son efficacité, des questions émergent avec acuité : Peut-on avoir confiance dans un vaccin élaboré en un temps record ? Quels en sont les effets indésirables ? Y aura-t-il un suivi spécial pour les personnes souffrant de maladies graves ou chroniques ?
Le royaume a fait le choix des vaccins du chinois Sinopharm et du Britannique AstraZeneca. Il s’agit de vaccins qui utilisent des souches inactives du Covid. Les opérations de vaccination doivent débuter en décembre au Maroc. L’ordre a été donné par le roi Mohammed VI et les précisions par le ministre de la Santé. Entre le vaccin de SinoPharm et celui d’AstraZeneca ce sont 27 millions de doses qui doivent être livrées sous peu. Avec 2 injections par personne, il y a de quoi traiter potentiellement 1/3 de la population dans les prochaines semaines. Pour les obtenir, le Maroc a dû nouer des partenariats stratégiques avec les laboratoires pharmaceutiques. Des volontaires ont pris part aux phases de tests. Les vaccins devront être produits localement au plus vite. Mais le ministère de la Santé précise que les discussions sont en cours avec les autres laboratoires comme Pfizer ou Moderna pour obtenir les vaccins nécessaires.
La vaccination ne sera pas obligatoire, mais l’objectif est de couvrir 80% de la population. La priorité est donnée aux personnes dites sur le front : les personnels de santé, les force de l’ordre, les enseignants, les routiers. Pour convaincre le reste de la population de se faire vacciner, le gouvernement a embauché l’agence PR Media, chargée de la campagne de communication. Il faudra convaincre parce que comme partout, ici, il y a les anti-vaccins et les méfiants. Se pose aussi la question des conditions de distribution. Les vaccins nécessitent en effet d’être maintenus à très basse température, en dessous des -70°C. C’est donc l’armée qui sera chargée de gérer les stocks. Les autorités ont d’ores et déjà annoncé un pont aérien de 10 avions venant de Chine et qui devront apporter les vaccins dans les premières semaines de décembre
Entre la deuxième et la quatrième semaine de décembre, tous les Marocains âgés de 18 ans et plus, ainsi que les résidents étrangers, soit environ 25 millions de personnes, seront invités à se faire vacciner contre la Covid-19. Le pays maghrébin “a pu détenir une place avancée dans la course à l’obtention du vaccin” sous l’impulsion du roi Mohammed VI. Le Maroc devrait être le premier pays au monde à lancer une campagne aussi vaste.
Khalid Aït Taleb, le ministre de la Santé, a indiqué que le vaccin était fabriqué par la société chinoise Sinopharma. Il a été testé sur un million de personnes à travers le monde et les résultats des essais cliniques sur 600 volontaires marocains ont permis d’assurer sa sécurité, son efficacité et son immunité recherchée.
“Cause nationale”
Le vaccin, dont les doses arriveront de Chine lors de la deuxième moitié du mois de décembre, sera gratuit pour les habitants, l’opération étant qualifiée de “cause nationale”. Le Maroc est en train d’aménager plus de 2.880 centres de vaccination répartis sur tout le pays, soit près de deux par commune. Ceci sans compter les unités mobiles pour aller vacciner directement dans les entreprises, les hôpitaux et les prisons.
Le vaccin sera administré en deux temps, donc en deux doses, à vingt-et-un jours d’intervalle. Les groupes prioritaires, à savoir les personnels soignants, les personnes âgées et les personnes à risques, seront traités en priorité. L’opération devrait durer douze semaines et se terminer à la fin du mois de mars.