Transport aérien: vous devrez bientôt avoir un « passeport sanitaire » pour voyager
Belqourchi
L’Association internationale du transport aérien a décidé de lancer, très prochainement, un «passeport sanitaire». Les passagers devront présenter ce sésame pour pouvoir voyager dans les 290 compagnies membres qui représentent 80% du trafic aérien mondial.
«Il faut se projeter, dès à présent, dans le monde post-crise pandémique où il ne sera pas possible de voyager sans un passeport Covid. C’est pourquoi les vaccins choisis par le Maroc sont reconnus par l’OMS et font partie du programme COVAX qui permettra aux Marocains vaccinés de voyager partout dans le monde.» Ces propos, qui émanent de Khalid Aït Taleb, le ministre de la Santé, lors de son passage en début de semaine sur la chaîne 2M, se confirment à grand pas.
Montrer patte blanche
L’Association internationale du transport aérien (IATA) a, en effet, décidé de lancer, très prochainement, un «passeport sanitaire». Comprenez par là, que ses 290 compagnies aériennes membres, dont Royal Air Maroc, qui représentent 80% du trafic aérien mondial et, donc, des milliards de passagers, exigeront bientôt ce «sésame» de ceux qui désirent emprunter leurs lignes. De quoi s’agit-il au juste ? Le projet de «passeport sanitaire» de l’IATA est en fait une application mobile qui compilera toutes les données médicales liées au Covid de chaque voyageur, notamment ses tests passés, leurs résultats ainsi que sa vaccination ou non. Ce document permettra ainsi à tout passager de montrer patte blanche pour pouvoir voyager tranquillement. Selon Alexandre de Juniac, président directeur général de l’IATA, «nous avons développé cette application pour certifier tout un processus. Parce que dans le fond, l’important, c’est de donner du confort au passager, mais aussi de garantir aux gouvernements des pays d’accueil qu’on ne transporte pas le virus. Et donc pour cela, on a prévu cette application qui va gérer le flux d’informations allant du centre de vaccination ou de tests jusqu’au passager, en passant par la compagnie aérienne et le gouvernement d’accueil qui aura imposé des règles d’entrée». À signaler qu’officiellement, cette application n’oblige personne à se faire vacciner.
Qantas a déjà franchi le pas
Toutefois, certaines compagnies aériennes ont déjà franchi le pas. C’est notamment le cas de Qantas, la compagnie australienne, qui a annoncé son intention de refuser les passagers non vaccinés sous peu. Certains médecins s’en alarment, s’y opposent et rejettent même le principe de «passeport sanitaire». C’est le cas de ce professeur en épidémiologie qui déclare que «je n’y suis pas favorable parce que, un : cela va être très compliqué ; deux : de faux passeports sanitaires vont se créer à gauche et à droite ; et trois : cela va créer un précédent grave parce qu’on va se dire d’accord un passeport sanitaire contre la Covid-19 et pourquoi pas un passeport sanitaire contre le VIH sida, ou encore contre le choléra ou une autre épidémie. Donc, voilà pourquoi je n’y suis pas favorable». L’autre crainte qui est pointée par certains, c’est de créer une société à deux vitesses, avec deux catégories de citoyens : les vaccinés et les non-vaccinés qui n’auront plus forcément les mêmes droits et qui ne se croiseront peut-être plus. En même temps, le mouvement à venir semble inévitable ! «Aucun pays au monde n’acceptera, s’il a contrôlé la Covid-19, ce qui va arriver, qu’un autre pays lui apporte le virus. C’est fini ça ! Eh bien oui, nous allons avoir des barrières qui sont celles du vaccin et il faudra faire avec», signale un autre médecin épidémiologiste. Dès lors, on est en droit de se demander si cette question de «passeport sanitaire» qui sera bientôt au cœur de la mobilité des populations ne touchera pas d’autres secteurs ? Peut-on, par exemple, refuser d’embaucher quelqu’un parce qu’il n’est pas vacciné ? Ou encore, un restaurant peut-il refuser un client parce qu’il n’est pas vacciné ? Est-ce que pour se rendre dans un bâtiment accueillant du public, comme la mairie ou le bureau de poste, il faudra remplir cette condition ? Au Maroc, on en est encore loin, très loin. Mais une chose est d’ores et déjà sûre, la vie post-Covid-19 n’aura plus rien à voir avec celle d’avant !