Bruxelles «travaille à l’envers » sur la taxe kilométrique: la Wallonie réclame une concertation

Mercredi soir, le parlement wallon a voté à l’unanimité une motion sur la taxe kilométrique bruxelloise demandant au gouvernement régional qu’il «sollicite une concertation» avec son homologue bruxellois et «si besoin inscrive la problématique à l’ordre du jour du prochain Comité de concertation.»

Il ne s’agit donc pas de s’opposer à la taxe kilométrique en tant que telle mais bien de demander une concertation, a réagi jeudi le cabinet de la ministre bruxelloise de la Mobilité Elke Van den Brandt.

Baptisé SmartMove, le projet bruxellois porté par le ministre régional des Finances Sven Gatz – qui ne fait pas encore l’objet d’un accord politique au sein de l’équipe de Rudi Vervoort – prévoit la suppression de la taxe de mise en circulation et de la taxe de circulation qui seraient remplacées par un tarif de base par jour d’utilisation, auquel s’ajouteraient une composante kilométrique et une autre liée à la puissance du véhicule.

Cette «taxe kilométrique» a déjà suscité une levée de boucliers tant du côté flamand que wallon, les Régions dénonçant la prise en otage des navetteurs sans concertation préalable.

Si ce n’est finalement que ce dernier point qui est repris dans la motion votée ce mercredi 18 novembre à Namur, les parlementaires wallons se sont montrés bien plus virulents durant les débats.

«Quand on parle de taxation vis-à-vis de Bruxelles, il ne faut pas oublier que la Wallonie et la Flandre paient déjà par l’intermédiaire des accords de coopérations, notamment pour permettre à la région bruxelloise de gérer la problématique des déplacements», a ainsi rappelé le chef de groupe MR au parlement wallon, Jean-Paul Wahl.

«Il existe également une deuxième contribution: 45% des navetteurs utilisent une voiture de société, via des entreprises de leasing qui, elles, ont toutes leur siège à Bruxelles et y paient donc leurs taxes», a-t-il ajouté.

«Hypothèses»

«Je ne veux pas me mêler des cafouillages et de l’agitation bruxelloise sauf quand ça concerne des navetteurs wallons. On sait que c’est extrêmement difficile pour Bruxelles mais une consultation est indispensable parce que Bruxelles reste la capitale du pays», a encore souligné le député libéral.

«Il faut rappeler que nous débattons pour l’instant d’hypothèses. Mais nous sommes tous d’accord, pas forcément pour les mêmes raisons, que ce qui a été publié dans la presse soulève des questions. Une concertation est nécessaire et notre motion y appelle», a de son côté expliqué Jean-Philippe Florent (Écolo).

«En matière de pollution de l’air et de congestion automobile, le statu quo n’est plus possible, particulièrement à Bruxelles. La région bruxelloise est dans son rôle quand elle veut réduire cette congestion. Simplement, nous devons en discuter et les hypothèses publiées ne sont pas acceptables», a-t-il poursuivi.

Dans les rangs de l’opposition, le cdH a quant à lui dénoncé l’unilatéralisme des décisions bruxelloises, une Région «qui travaille à l’envers» et entend modifier la fiscalité automobile sans en discuter avec les autres entités du pays. «Manifestement, Bruxelles ne cherche pas de solution de mobilité mais de nouvelles rentrées fiscales. Selon ce qui a été publié, un Wallon, avec une voiture moyenne, paierait 1.000 euros de plus par an. C’est inacceptable, surtout en l’absence d’alternatives crédibles», a estimé le député humaniste Julien Matagne.

«Une vieille recette»

«Il faut trouver une solution à la congestion mais pas via de nouvelles taxes, une vieille recette qui ne fonctionne pas alors que de nombreux travailleurs n’ont pas d’alternative», a pour sa part affirmé Samuel Nemes (PTB). «On ne peut pas faire porter le poids de la transition sur les épaules des gens; ce serait vraiment de l’écologie punitive», a-t-il encore indiqué.

Quant au ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Écolo), il a lui aussi rappelé qu’aucune décision n’a encore été prise par le gouvernement bruxellois. «Mais on voit bien l’intention qui est annoncée et elle aurait un impact important pour les Wallons qui se rendent à Bruxelles. Quelles solutions sont possibles? Quels investissements dans des alternatives? Le gouvernement wallon donnera en tout cas suite à la volonté exprimée dans la motion parlementaire», a-t-il conclu.

اترك رد

%d مدونون معجبون بهذه: