Médiocratie et obscurantisme

Saïd CHATAR

A défaut des droits et des devoirs civiques au Maroc où le mal de vivre s’étend un peu partout, la médiocratie et l’obscurantisme étalent avec un cynisme révoltant quelques-unes de leurs plaies que le peuple ne semble pas prêt ou plutôt pas préparé à désinfecter. Il y a des spectacles que l’on ne peut regarder sans dégoût. Ainsi, à ces moments difficiles, les horreurs des obscurantistes et des médiocraties que nous voyons à l’œuvre à travers le pays déploient toutes leurs ressources, nous rappellent et nous révèlent toute l’incompétence de l’Etat, de son administration et de sa bureaucratie, makhzénisés et révolus, basés sur le blocage, le sabotage, la corruption, l’humiliation, voire les punitions expéditives en pleine rue.

C’est pourquoi, quand la médiocratie et l’obscurantisme commettent des injustices et des fautes irréparables, la société civile se doit de s’insurger contre eux pour les contenir, afin que l’Etat ne soit impuissant et obligé d’abdiquer devant eux. La médiocratie et l’obscurantisme qui sont une civilisation à rebours, sont incapables de représenter dignement la pensée, la conscience et la raison. Le gouvernement actuel qui n’est que la partie visible de l’Etat profond, donne l’impression de tergiverser et de se cramponner désespérément à quelques principes formels pour sauver les apparences, quand la désunion est au sein même de l’Etat, et quand des complications et des difficultés surgissent dans le clan des médiocres et des obscurantistes du gouvernement et du pouvoir profond.

Alors, que faire face à des populations qui ignorent leurs droits et leurs devoirs civiques ? Que faire face aux spectacles et aux gestes odieux de la médiocratie, qui comptent aujourd’hui par centaines ? Que faire devant les scènes d’un parlement tragi-comique où se manifestent les incohérences, les équivoques qui rendent les députés à jamais ridicules et complétement désorientés, car ils ne savent pas ce qu’ils veulent ? Les débats ou plutôt les échanges relatifs au patriotisme dans l’hémicycle de l’assemblée nationale s’affirment souvent sous la forme de la vulgarité, de la sauvagerie et de la haine. Malheureusement, à ce propos, le suffrage universel va encore nous réserver des surprises étranges.

Les abus de la médiocratie ne se comptent plus : foules acharnées après celui qui est seul, lâcheté collective qui envoie en taule des innocents ; jury incapable de représenter dignement la conscience et la raison ; les forces policières, cultivant avec méthode le brigandage et le racket sur les routes, l’extorsion voire le vol… Tant d’abus étalés au grand jour, ou dissimulés dans l’ombre. Occultes ou visibles, ces abus sans raison symbolisent un régime absurde qui conduit le pays et son peuple droit dans le mur.

Entretemps, ce régime qui est fondé sur l’hégémonisme de la médiocratie et l’obscurantisme veut conserver coûte que coûte ses privilèges, craignant pour son existence, pour son repos, pour ses habitudes, n’hésite devant aucun crime. Ceux qui se sont imposés à la tête de ce régime par la force sont décidés à tout détruire, tout désorganiser, à mettre tout le pays à feu et à sang, plutôt que de perdre leur bien-être, plutôt que de sacrifier leurs intérêts. Le pouvoir, ses partis soi-disant politiques et ses fonctionnaires corrompus qui sont une médiocratie de voleurs, d’imposteurs et d’assassins, s’exercent quotidiennement aux menaces, à l’imposture mystificatrice, au vol, au chantage. En effet, ils ne songent qu’à se défendre et se protéger contre le peuple, contre les patriotes sincères, contre les hommes de pensée et d’action. Ils redoutent la liberté qui les effraie par-dessus tout.

Comme nous l’avons déjà mentionné au début de cet article, la civilisation de la médiocratie et de l’obscurantisme est une civilisation à rebours. Ainsi puissions-nous nous délivrer, non pas par le rêve, mais par la patience, le courage, le sacrifice, la volonté et l’action, de cette civilisation désuète pour une autre civilisation attachée à des institutions démocratiques et progressistes, une monarchie parlementaire et non pas une institution royale moyenâgeuse, makhzénisée, omniprésente et omnipotente…

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