En Algérie, le président de l’association RAJ, Abdelwahab Fersaoui, a été arrêté

Algerian demonstrators gesture during an anti-government protest in the capital Algiers on October 8, 2019. - Demonstrators gathered in the capital, the epicentre of Algeria's protest movement that forced longtime president Abdelaziz Bouteflika to step down in April. (Photo by STRINGER / AFP)

Le Rassemblement action jeunesse, agréé par les autorités en 1993, participe au mouvement de contestation populaire en cours depuis le 22 février.

Abdelwahab Fersaoui, président du Rassemblement action jeunesse (RAJ), une association agréée en 1993, très active dans le mouvement de contestation populaire en Algérie, a été arrêté jeudi 10 octobre par des policiers en civil à la fin d’un sit-in organisé en soutien aux détenus d’opinion organisé devant le tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger. L’arrestation de M. Fersaoui, qui dénonçait il y a encore quelques jours une « campagne de persécution ciblée » contre le RAJ, intervient moins d’une semaine après l’arrestation suivie d’un placement en détention de cinq militants de l’association.

Ces « enRAJés », comme on les appelle, avaient été arrêtés vendredi 4 octobre, par des policiers en civil, à l’issue de la 33e manifestation hebdomadaire depuis le 22 février, alors qu’ils étaient attablés dans un café.

Hakim Addad, l’un des fondateurs du RAJ, Massinissa Aissous, Djalal Mokrani, Bouider Ahmed et Kamel Ouldouali ont été présentés dimanche devant un juge d’instruction qui les a placés en détention provisoire sous les accusations « d’incitation à attroupement » et « d’atteinte à l’intégrité et l’unité du territoire ». Abdelwahab Fersaoui risque de connaître le même sort.

Les organisations de défense des droits de l’homme et des avocats dénoncent une multiplication des atteintes aux libertés et une répression tous azimuts contre les militants politiques et activistes du Hirak, ce mouvement de contestation populaire qui s’oppose à la tenue de l’élection présidentielle convoquée par le pouvoir pour le 12 décembre.

Une « dérive » de la justice

Selon eux, le pouvoir veut « passer en force » et diffuser « la peur » en faisant de l’appareil judiciaire un instrument de répression. Lors d’une conférence de presse organisée le 7 octobre au siège de l’association SOS disparus, des avocats ont dénoncé une « dérive » de la justice. Ils se sont indignés des placements systématiques en détention provisoire des militants et manifestants arrêtés, notamment à Alger.

Un Comité national pour la libération des détenus (CNLD) mis en place récemment a recensé une liste de plus d’une centaine de « détenus d’opinion ». Les journalistes, eux, rencontrent de sérieuses difficultés à couvrir les manifestations auxquelles les télévisions publiques et privées n’assistent plus. Des journalistes de la radio nationale ont publié, lundi 7 octobre 2019, un communiqué dénonçant la « résurgence de la censure dans le traitement de l’information ».

Mardi 11 octobre, la police a, pour la première fois depuis le début du Hirak, œuvré à disperser sans ménagement la manifestation hebdomadaire des étudiants. Plusieurs ont été placés sous contrôle judiciaire. Pour les avocats, les mises en détention provisoire ne se justifient pas au plan du droit. Pour Me Mustapha Bouchachi, ces arrestations ne respectent la loi « ni dans la forme, dans le fond. » Il souligne que ces gens sont poursuivis sur la base de publication sur Facebook ou pour détention de drapeaux berbères, des affaires qui ne nécessitent pas d’enquête et auraient dû faire l’objet d’une comparution directe au lieu d’un placement en détention provisoire. Une autre avocate, MeNabila Smail, estime que les prisonniers sont des « otages » du pouvoir.

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