Des Saoudiennes inscrivent le droit de conduire dans leur contrat de mariage

Pour conduire, les femmes n’ont pas besoin de l’accord explicite de leur « tuteur » masculin (mari, père ou autre parent) dont elles dépendent encore pour étudier, se marier et même sortir de prison.

Impossible de savoir toutefois si elles peuvent contester légalement une interdiction de leur tuteur de prendre le volant.

« Certaines femmes préfèrent inclure le droit de conduire dans leur contrat de mariage afin d’éviter tout conflit conjugal », affirme Abdelmohsen al-Ajemi, un imam de Ryad préposé au mariage qui a reçu pour la première fois la semaine dernière une demande de ce type.

Les manquements aux conditions du mariage peuvent être invoqués par les femmes pour demander le divorce, selon des préposés au mariage.

Transformation sociale et tensions

Il n’y a pas de statistiques sur le nombre de contrats contenant de telles exigences. Sollicité, le ministère de la Justice n’a pas répondu à une demande de commentaire d’Akhbarona Aljalia .

Mais Mounirah al-Sinani, une femme au foyer de 72 ans de Dhahran (est), dit avoir relevé deux cas récents parmi ses connaissances.

« Si vous ne me laissez pas conduire alors ‘khalas’ (« terminé » en arabe, ndlr), je ne veux pas de vous », aurait répondu, selon elle, une Saoudienne à son prétendant.

Cette tendance souligne la façon dont les femmes semblent utiliser les contrats de mariage pour faire aboutir des demandes de plus en plus audacieuses selon les critères de cette société conservatrice.

Un Saoudien de la ville d’Al-Ahsa (est) raconte à Akhbarona Aljalia que dans sa famille élargie, une mariée a exigé que son futur mari cesse de fumer.

Une autre a demandé à avoir accès au salaire de son fiancé et une autre a exigé de ne pas tomber enceinte durant la première année de leur union, selon M. Ajemi.

Une Saoudienne n’a pas hésité à mettre en ligne son contrat de mariage qui interdit à son mari de prendre une seconde épouse, bien que la polygamie soit reconnue par l’islam, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux.

Les hommes, eux, utilisent parfois leur contrat de mariage pour exiger que leur épouse « ne travaille jamais » ou qu’elle vive avec sa belle-mère, énumère à Akhbarona Aljalia Adel al-Kalbani, un autre imam.

Ces pratiques sont un signe de la transformation sociale du royaume, selon MM. Kalbani et Ajemi.

Mais elles pourraient aussi causer des tensions et l’échec de mariages. Les médias saoudiens ont fait état ces dernières années d’une hausse du nombre de divorces.

« Dans le passé, la société n’écoutait pas les femmes (…), mais maintenant elle semble s’adapter à leurs exigences », dit M. Ajemi.

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