Et si le gouvernement El Otmani était limogé?
La chute du gouvernement El Otmani serait-elle une option à exclure dans le contexte actuel? Serait-elle une délivrance ou plutôt un déni de la démocratie? Réélu démocratiquement, le PJD affiche une incompétence inquiétante dans la gestion des principaux dossiers. Dépassé par les événements, dépossédé des principaux dossiers au profit de l’entourage royal et des ministres RNI, eux-mêmes en disgrâce, l’actuel gouvernement fait peine voir. Dans l’hypothèse de son limogeage et de la convocation d’élection anticipées, la question qui se pose est de savoir qui s’érigerait comme alternative. Le PAM est devenu une carte brûlée et a considérablement perdu de son attractivité auprès des opportunistes. Quant au RNI, que les observateurs présentaient comme une alternative sérieuse pour le pouvoir, il pulvérise aujourd’hui tous les records d’impopularité.
Aziz Akhannouch, le tout-puissant ministre de l’Agriculture, est passé de la possibilité de diriger le futur gouvernement en jouant le rôle joué par le PAM il y a sept ou huit ans, à un pestiféré dont le départ du gouvernement et du RNI est à l’ordre du jour. La campagne de boycott lui a fait un mal fou et on le voit mal jouer un quelconque rôle lors des prochaines échéances électorales. Ainsi, puisque le PJD a beaucoup perdu de son aura après le départ d’Abdelilah Benirane, et puisque le RNI n’est plus une alternative, pas plus que le PAM, deux autres options sont mises sur la table.
Nizar Baraka, une alternative?
Le nom de Nizar Baraka, le secrétaire général de l’Istiqlal et petit-fils d’Allal el Fassi circule de plus en plus. Le président du Conseil économique et social est un cadre certes compétent, mais accommodant et sort rarement des sentiers battus. Après le départ du tonitruant Hamid Chabat, il s’est tout de suite désolidarisé du gouvernement en rejoignant l’opposition. Ce faisant, il a vraisemblablement obéi à un agenda savamment élaboré. Il se profile comme une sérieuse option et pour que celle-ci se concrétise, les conditions nécessaires seront créées en temps et lieu pour faire de l’Istiqlal le parti du système, ce qui lui permettra de faire le plein auprès des cadres et des notables. Ce faisant, ce parti historique ne risque pas de souffrir d’une crise d’élites, l’un des principaux maux qui rongent le PJD. C’est donc un scénario viable qui pourrait se préciser sous peu.
L’autre hypothèse, serait le retour d’un gouvernement de technocrates, « agrémenté » de quelques figures politiques. Ce ne serait pas une mauvaise idée puisque les partis politiques sont discrédités au plus haut point. Le problème, c’est que ce scénario risque de susciter le mécontentement des partenaires internationaux du Maroc, peu enclins à appuyer les gouvernement non issus des urnes. Cela s’est déjà vu en 1997 sous la conduite d’Abdellatif el Filali, mais ce gouvernement, considéré par plusieurs comme compétent n’a vécu que quelques mois avant que le gouvernement d’Abderrahmane Youssoufi ne soit mis en place. Une telle hypothèse serait-elle réaliste en 2018? Difficile à dire, mais entre les décisions souveraines du Maroc et les engagements internationaux en termes de respect de la volonté populaire ratifiés par le Maroc, la marge est assez ingrate. Autant dire que la carte Nizar Baraka a le plus de chances…