Le match inégal entre le Maroc et les Etats-Unis pour 2026
Dans deux mois, le 13 juin, on saura qui, du Maroc ou des États-Unis, associés au Mexique et au Canada, organisera la Coupe du monde 2026. La candidature américaine est favorite.
Le match entre le Maroc et les États-Unis, associés pour une petite part au Mexique et au Canada (1), est entré dans sa phase finale. À deux mois de l’annonce du lauréat, à Moscou le 13 juin, juste avant la cérémonie d’ouverture du Mondial 2018, les deux camps sont à couteaux tirés. Les autorités sportives marocaines pilonnent depuis des semaines la Fédération internationale de communiqués vengeurs. Selon elles, la Fifa roulerait pour les États-Unis et tenterait de truquer les débats.
Alors que l’attribution du Mondial 2022 au Qatar avait été entachée d’actes de corruption, l’argument du vote truqué est potentiellement ravageur. Il repose sur les soupçons de partialité concernant une commission de cinq membres nommés par le président de la Fifa Gianni Infantino, en train d’auditer point par point les deux dossiers en concurrence. Après avoir visité les installations américaines cette semaine, les commissaires enquêteurs sont attendus à partir de lundi au Maroc.
Ces cinq personnes ont le pouvoir de disqualifier avant le vote un des deux candidats s’il ne respecte pas des critères essentiels à l’organisation en termes d’infrastructures sportives, touristiques, etc. Le président de la fédération marocaine a accusé la Fifa d’avoir ajouté au dernier moment des critères avantageant la candidature américaine. Ce que l’institution a habilement démenti, via une réponse argumentée de Fatma Samoura, sa secrétaire générale de nationalité sénégalaise, à ce titre peu suspecte de parti pris anti-africain.
« Je serais surpris que le Maroc ne puisse pas défendre ses chances jusqu’au bout, le dommage d’image serait trop important pour la Fifa, indique l’historien du football Paul Dietschy, mais les jeux sont faits selon moi, et pas en faveur du Maroc. » Le passage de 32 à 48 nations pour la Coupe du monde 2026 ne plaide pas en faveur d’un petit pays qui a déjà essuyé quatre échecs dans ses candidatures.
« L’heure est aux États continents, on pense à la Chine pour le Mondial 2030 ou aux associations d’États comme l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. De plus, il y aurait trop d’installations à construire au Maroc, et l’opinion internationale ne veut plus de stades bâtis à prix d’or dans des pays pauvres qui ne servent plus après », argumente Paul Dietschy.
Ce n’est pas l’avis du président de la Fédération française Noël Le Graët, qui a promis le bulletin de vote de la France au Maroc… Une partie des voix de l’Amérique du Sud, de l’Europe du Sud devraient se porter sur l’outsider marocain. Mais l’Afrique du football n’est pas si unie que cela derrière la candidature marocaine. Les pays d’Afrique de l’Est ont grand besoin de la manne financière de la Fifa, qui tire l’essentiel de ses revenus de la Coupe du monde.