Des ressortissants Marocains captifs dans une prison libyenne
Des images filmées clandestinement révèlent la détention de migrants Marocains dans des prisons libyennes. Des traites humaines qui peu à peu sont exposées au grand jour.
Des ressortissants Marocains captifs dans une prison libyenne : c’est par une vidéo tournée clandestinement que l’on a découvert la terrible réalité. Entassés les uns sur les autres dans une chambre exiguë, ils supplient Mohammed VI, le roi du Maroc, de les rapatrier dans leur pays. Ce ne sont pas des prisonniers politiques, mais des migrants qui ont tenté de rejoindre les côtes de la Libye, pour traverser la Méditerranée, dans l’espoir d’atteindre l’Italie, porte d’accès vers l’Europe. Certains témoignent avoir été vendus, capturés dans des réseaux d’immigration clandestine. Selon l’homme qui parle en voix off, 260 Marocains sont détenus illégalement dans ce centre, depuis 6 mois.
Sollicitations auprès de Mohammed VI
Les Algériens, Tunisiens et Égyptiens qui étaient avec eux auraient été rapatriés. Dans une vidéo filmée le 13 novembre, un jeune homme déclare : “Nous sommes la seule nationalité à être encore détenue ici. Aucun officiel Marocain n’est venu nous réclamer.”
Jeudi 23 novembre, le porte-parole du gouvernement Marocain, Mustapha El Khalfi, a assuré que ce dossier était prioritaire, et que le pays travaillait avec le plus grand sérieux au rapatriement des hommes séquestrés en Libye. L’objectif : les ramener dans les mêmes conditions que la précédente opération menée par le gouvernement, durant laquelle 200 Marocains étaient retournés dans leur pays, à bord de deux avions.
Réseau esclavagiste
L’hebdomadaire Marocain Telquel a pu communiquer avec certains détenus et leurs familles. Les conversations rapportées révèlent les stratégies mises en place par un vaste réseau de traite humaine. Interceptés par des gangs armés entre la frontière tunisienne et la Libye, ces migrants sont retenus dans des centres de détention. Des rançons ont été réclamées aux proches des prisonniers, en atteste les témoignages de leurs familles, qui ont déclaré à l’hebdomadaire arabophone avoir versé entre 40 et 50 000 dirhams (3 600 à 4 500 euros) à des intermédiaires, supposés les faire passer en Italie.
Dans un témoignage audio, un Marocain explique : “un gang nous a séquestrés et pris contact avec le chef d’un réseau d’immigration clandestine pour nous vendre. La transaction a eu lieu. Notre acheteur nous a obligés à payer le double du montant qu’il avait payé.”
Ceux qui sont en charge de la transaction -de la capture des migrants à leur vente- sont des passeurs Marocains, en lien avec des réseaux d’immigration. Une actualité brûlante qui fait tristement écho à la vente aux enchères de migrants en Libye, exposée au grand jour par CNN.
Pour l’heure, si le gouvernement Marocain déclare tout mettre en ordre pour rapatrier les migrants, on ignore le nombre réel d’hommes détenus dans des centres gouvernementaux libyens. Selon les Nations unies, ils seraient près de 20 000, pas seulement subsahariens, à subir des sévices et des privations.