France : Le couscous sème la discorde au Front national
Une photo de cadres du Front National réunis autour d’un couscous dans un restaurant français provoque une polémique.
«C’est désolant, c’est navrant, mais ça ne m’empêchera pas à continuera à manger du couscous», a assuré, Florian Philippot, le vice-président du mouvement français du Front national (extrême-droite).
C’est ce qu’il a déclaré dans un entretien diffusé par la radio «France Inter», au sujet de la polémique du «Couscousgate».
«Qu’on leur fasse goûter du couscous, ils verront que c’est très bon», a-t-il martelé.
La controverse provoquée par un tweet diffusé le 13 septembre courant, accompagné d’une photo de cadres du FN, réunis autour d’un couscous dans un restaurant de Strasbourg, n’est pas près de retomber.
Les tenants de la ligne dure du parti, soutiennent que le politicien n’a pas fait honneur aux spécialités de la ville française, traditionnellement plutôt connue pour sa choucroute garnie.
C’est d’ailleurs sur ce thème qu’ironise Pierre Cheynet, membre du Comité Central du parti, sur Twitter : «Dans notre prochain numéro, nous vous ferons découvrir la meilleure choucroute de Marrakech».
Le choix du plat d’origine maghrébine, a d’emblée provoqué une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux, avant de déborder sur les médias classiques. Or le débat ne relève pas de la seule gastronomie.
Le couscous ? Selon l’hebdomadaire «l’Express», il s’agirait d’un choix «certainement provocateur à dessein».
C’est que Philippot, conseiller de Marine Le Pen lors des dernières élections présidentielles française est en effet sous pression depuis plusieurs semaines.
Vendredi dernier, la présidente de son parti l’a, en effet, appelé à “clarifier sa situation”, en allusion à sa double casquette de vice-président du FN et de président de l’association «Les Patriotes», qu’il a fondée en mai dernier. Mais il ne l’entend pas de cette oreille.
«L’immigration, l’insécurité, c’est très important, mais on ne peut pas parler que de cela. On ne sera majoritaire dans le pays que si l’on parle à tous les Français sans aucune exception», a-t-il déclaré.
Souverainiste proclamé, Philippot s’oppose à la ligne identitaire, au sein du même mouvement.
Le couscous serait donc un moyen d’épicer, de donner une saveur et une odeur au concept.
Quant à la polémique, elle pourrait ne pas être complètement anodine. Ibn Khaldoun, né à Tunis au XIVeme siècle, considéré comme l’un des pères de la sociologie, ne s’y trompe pas : le couscous est bien, selon lui, l’un des signes distinctifs du Maghreb.
Les habitants de cette région d’Afrique du Nord se caractérisent, selon lui, par le port du burnous, leur crâne rasé, et leur goût pour le couscous. [Halq er-roûss, lebbs el-barnous, akl el-couscous].
A en croire Ibn Khaldoun, donc, le couscous est bien un marqueur identitaire.
Or ce n’est certainement pas la première fois que le couscous s’invite avec plus ou moins de bonheur, dans la cuisine politique française.
L’ex-président français François Hollande, s’offrira, quant à lui, un couscous à la Boule Rouge, un restaurant du 9e arrondissement de Paris (France), après la passation du pouvoir à son successeur.
Jean-Pierre Chevènement, l’un des vieux briscards de la gauche souverainiste française, n’y va pas par quatre chemins : «le couscous est un plat national en France», dit-il.
Dans un entretien diffusé par France Inter en août 2016, il fait état d’une «espèce d’interpénétration inconsciente».
Avant d’affirmer : «en fait, nous sommes beaucoup plus proches les uns des autres qu’on ne le dit généralement».AA