Trafic de fiches S avec le Maroc : un policier d’Orly mis en examen pour corruption
Un capitaine de la police aux frontières est soupçonné d’avoir remis des centaines de documents confidentiels à un agent marocain, via un intermédiaire.
Affaire sensible. Selon des informations publiées par Libération et Le Point, un fonctionnaire de la police aux frontières (PAF) d’Orly (Val-de-Marne) a été mis en examen et écroué récemment par la justice. Il est soupçonné d’avoir fourni des centaines de documents confidentiels, notamment des fiches S (comme Sûreté de l’Etat), à un intermédiaire qui les aurait lui-même remis à un agent des services de renseignement marocain. En contrepartie, ce capitaine se serait vu offrir plusieurs séjours au Maroc et aurait aussi touché de l’argent.
Le trafic aurait duré plusieurs années. L’intermédiaire, un Franco-Marocain d’une soixantaine d’années, occupe un poste de responsabilité dans une société privée spécialisée dans la sûreté aéroportuaire. L’affaire débute en juillet 2016 par un renseignement anonyme selon lequel ce capitaine de la PAF d’Orly serait parti en vacances tous frais payés au Maroc avec sa famille. Une enquête préliminaire, confiée à l’Inspection générale de la police nationale, est alors ouverte par le parquet de Créteil, suivie de l’ouverture d’une information judiciaire, en décembre 2016.
Des relations diplomatiques sensibles avec le Maroc
Interpellés les 29 et 30 mai et placés en garde en vue en même temps que d’autres personnes, les deux principaux suspects – le capitaine de police et l’intermédiaire – ont été mis en examen et placés en détention provisoire, selon une source judiciaire. Ils sont suspectés de corruption passive et active, violation de secret professionnel et recel, selon la source proche de l’enquête.
L’avocat du responsable de sûreté aéroportuaire, Me Yves Levano, s’est refusé à tout commentaire. Le parquet de Créteil (Val-de-Marne) s’est contenté d’indiquer que «la procédure suit son cours». Selon Libération, l’affaire embarrasse la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui a «refusé de prendre en charge les investigations, pour ne pas risquer de se fâcher avec un partenaire dans la lutte contre le terrorisme».
En 2014, la convocation d’un patron du renseignement marocain par la justice française dans une affaire de complicité de torture avait débouché sur une grave crise diplomatique et la rupture, pendant plus d’un an, de toute coopération entre le Maroc et la France. François Hollande avait dû multiplier les gestes pour mettre fin à la brouille. Son successeur, Emmanuel Macron, était d’ailleurs en viste dans le royaume en début de semaine, pour consolider les relations bilatérales franco-marocaines.