Amende requise contre le restaurateur qui avait chassé deux clientes voilées

Le parquet de Bobigny a notamment requis une amende de 5000 euros dont 2500 avec sursis à l’encontre de Jean-Baptiste Debreux, un restaurateur de Tremblay-en-France, poursuivi pour discrimination.
C’était le grand absent de ce procès. Poursuivi pour discrimination, Jean-Baptiste Depreux ne s’est pas rendu à l’audience, ce jeudi, au tribunal de Bobigny. Ce gérant de 65 ans est accusé d’avoir refusé de servir deux femmes voilées dans son restaurant à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), l’été dernier. Aux termes des débats, le parquet a requis une amende de 5000 euros, dont 2500 avec sursis, ainsi que la publication de la décision de justice pendant deux mois dans son établissement.
À l’époque, l’affaire avait fait grand bruit. Le 27 août 2016, Sarah et Myriam, deux mères de famille d’une trentaine d’années, s’étaient donné rendez-vous au restaurant «Le Cénacle» pour passer une soirée entre amies. Mais le dîner avait tourné court. Dès le début du repas, le responsable des lieux leur avait demandé de partir. «Madame, les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes», avait notamment lancé le restaurateur. «Des gens comme vous, j’en veux pas chez moi», avait-il ajouté avant de leur demander expressément de quitter son établissement. Une partie de la scène, filmée à l’insu du restaurateur par Myriam et diffusée sur les réseaux sociaux dans la foulée, avait créé un tollé à l’époque, en pleine polémique sur le burkini sur les plages françaises. Sarah avait porté plainte tandis que Myriam s’était constituée partie civile. Dans les jours suivants, le restaurateur avait reçu de nombreuses menaces et injures et, dès le lendemain des faits, il avait publiquement présenté ses excuses.
«Un restaurant chrétien anti-islam»

Face aux policiers, Jean-Baptiste Debreux a avoué qu’il avait «perdu les pédales». Pour expliquer son comportement, ce père de deux enfants en instance de divorce avait évoqué le contexte des attentats et la perte d’un proche au Bataclan en novembre 2015. En revanche, il avait soutenu que ses propos n’étaient pas discriminants et qu’il n’avait jamais refusé de servir les deux clientes voilées. Au départ, il leur avait, selon ses dires, seulement demandé de «venir moins voilé la fois suivante».

Devant la 16e chambre du tribunal de Bobigny, Sarah s’avance à la barre. Un voile gris et fluide entoure son visage. Elle parle doucement, d’une voix posée mais à peine audible pour la salle. Alors que la défense a un temps évoqué la possibilité d’un coup monté pour «piéger» Jean-Baptiste Debreux, le président du tribunal veut savoir pourquoi les deux jeunes femmes se sont rendues dans ce restaurant, relativement loin de chez elles. «Cette réservation n’était pas une opération de testing?», lui demande le magistrat, tout en rappelant que la pratique des tests de discriminations est légale en France. «Absolument pas», répond la plaignante. «C’était un simple rendez-vous entre amies». Sarah poursuit, raconte sa version des faits. Notamment sur les minutes qui ont précédé la séquence vidéo. Dès le début de la conversation, le restaurateur leur aurait dit: «Ici, c’est “Le Cénacle”, comment pouvez-vous venir ici? C’est un restaurant chrétien, anti-islam.» Selon les deux victimes, il aurait aussi menacé de les empoisonner si elles ne quittaient pas les lieux. Des accusations que réfute l’intéressé.
Par Caroline Piquet le Figaro

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